Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2
BUREAUX PUBLICS.
Le Bureau General de la Douane est à l’Hôtel Seguier, ruë de Grenelle, dont la basse-cour où entrent les Roulliers est dans la ruë du Boulloy.
Le Bureau General des Aydes est dans la ruë des Barres, derriere S. Gervais, à l’Hôtel de Charny[1].
[1] Il s’appeloit d’abord Hôtel des Barres, comme la rue, à cause des Moulins des barres du Temple, qui étoient auprès sur la Seine. Le percement de la rue Louis-Philippe en emporta une partie, et le reste fut démoli vers le même temps. Le bureau des Aides ne quitta l’hôtel de Charny qu’un peu avant la Révolution. Il fut alors transféré rue de Choiseul dans un vaste bâtiment où nous avons vu l’administration de l’Enregistrement et des Domaines.
Le Bureau Général des Fermes du Tabac est ruë Betisy, à l’Hotel d’Anjou.
Le Bureau Général pour la Marque des Chapeaux est ruë neuve Saint Mederic[2].
[2] « Dans la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie. » (Edit. 1691, p. 7.) — Sans cette marque, les chapeaux de castor étoient considérés comme contrebande. Elle n’avoit été qu’un prétexte à l’établissement d’offices de marqueurs, achetés surtout par des chapeliers enrichis. (Correspond. des Contrôl. génér., no 767.) En 1694, elle fut supprimée à Lyon, et remplacée par une augmentation des droits de douane sur les chapeaux. (Id., no 1372.)
Les Bureaux des Papiers et Parchemins timbrez sont dans la Cour de la Moignon[3], ruë Galande, ruë de Bussy, ruë S. Germain l’Auxerrois[4], ruë des petits Champs, ruë de la Vannerie, et ruë des Barres, à l’Hotel de Charny.
[3] « Cour neuve du Palais. » (Edit. 1691, p. 7.)
[4] « Rue des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois. » Id. — Les parchemins et papiers timbrés constituoient une sorte de ferme, dont à la fin du règne de Louis XIV le fameux Deschiens fut le principal traitant, ce qui lui valut cette épigramme citée par Jamet dans ses Stromates, t. II, p. 1797 :
Le Bureau des petits Domaines pour les droits des places et eschoppes des lieux publics, est ruë Saint Germain l’Auxerrois au coin de la rue Thibaut Thodé.
Les Bureaux du Contrôle des Exploits, sont rue Galande[5], cour de la Moignon, ruë de la Poterie, ruë de Bussy, ruë d’Orléans, ruë du petit Lion, ruë Saint Antoine, ruë du Monceau Saint Gervais et dans l’enclos du grand Châtelet.
[5] A la suite dans l’édit. précédente, p. 7 : « Cul de Sac de la foire Saint-Germain. »
Le Bureau de M. Bertin, Receveur Général des Parties Casuelles[6], est rue neuve Saint Augustin.
[6] On appeloit « parties casuelles » les droits de finance que devoit payer annuellement tout détenteur d’un office vénal non héréditaire, s’il vouloit le conserver à sa veuve et à ses enfants. — Nous retrouverons Bertin qui en étoit alors le trésorier, parmi « les fameux curieux. »
Le Bureau général des Chevaux de renvoy et de louage est à l’Hotel de Sens[7], prés l’Ave Maria.
[7] Nous en parlerons plus loin, à propos du coche de Lyon qui en partoit.
Le Bureau de la Compagnie des Indes Orientales est dans la rue Pavée, prés[8] l’Hôtel de Bourgogne[9].
[8] « Derrière », édit. 1691, p. 61.
[9] La Compagnie des Indes Orientales avoit été créée par Colbert pour faire le commerce avec les côtes de l’Indoustan. Elle avoit le privilége exclusif des toiles fines des Indes, peintes ou blanches, mais toutes soumises à la marque, sous peine d’être saisies et brûlées comme marchandises de contrebande (ordonnance du 8 février 1687). Ce commerce se faisoit souvent par échanges : pour les toiles des Indes importées, on exportoit nos draps du Languedoc. (Correspond. administr. de Louis XIV, t. III, p. 654 et 660.)
Celui des Indes Occidentales[10] est dans la rue Saint Martin, devant Saint Julien des Menêtriers.
[10] La Compagnie des Indes Occidentales commerçait avec l’Amérique, où nous possédions alors le Canada, l’Acadie, Terre-Neuve, la Louisiane. Son commerce se faisoit surtout par les navires de Saint-Malo, et exploitoit de préférence les peaux de castor et les matières d’or et d’argent. (Correspond. des Contrôleurs généraux, no 665.) — C’étoit, comme l’autre compagnie, une création de Colbert, mais toutes deux, depuis sa mort, étoient bien déchues. (Isambert, Anciennes lois françoises, t. XVIII, p. 35, 38, et 211.)
Le Bureau du Voier du Roi est dans la rue de Grenelle, quartier Saint Honoré.
Celui de la Manufacture des Buffles est ruë Neuve Saint Mederic, chez M. Jabac[11].
[11] Il s’agit des peaux de buffles préparées, dont on faisoit pour l’armée des juste-au-corps, des colletins, etc. Jabach, que nous retrouverons plus loin, avoit établi à Corbeil, pour leur préparation, la meilleure manufacture qu’il y en eût en France, aussi n’est-il pas étonnant qu’elle eût son bureau chez lui, à Paris : « Celle de Corbeil, lisons-nous dans le Dict. univ. du Commerce de Savary, t. I, col. 1132, est la plus considérable, et les peaux qui s’y apprêtent sont réputées les meilleures. On en doit l’établissement au sieur Jabac, natif de Cologne, qui les avoit poussées à la dernière perfection. »
Celui de la Manufacture des Marroquins et Vaches rouges façon de Levant est sur le Quay de l’Ecolle[12].
[12] C’est sans doute « la manufacture de maroquin et de peau de chagrin », dont la comtesse de Beuvron avoit obtenu le brevet, vers le même temps. (Corresp. administ. de Louis XIV, t. III, introd. p. LV.)
Celui des Jurez Crieurs est rue Neuve Saint Médéric.
Celui des Vendeurs de foin[13] est sur le Quai des Ormes.
[13] Leur vrai titre étoit « Juré peseur et compteur de la marchandise de foin », comme on le voit par une épitaphe que rapporte M. Cocheris dans son édit. de l’Histoire du Diocèse de Paris de l’abbé Le Beuf, in-8, t. I, p. 238.
Les Commissionnaires Facteurs de toutes marchandises ont des Bureaux ruë de la Mortellerie, sur le port de la Grève, sur le quay de l’Ecole, etc.
Les Jurez Mouleurs et Aides Mouleurs de Bois[14], ont aussi leurs Bureaux par tout où l’on fait commerce de bois à bruler, quay de la Grève, quay de la Tournelle, quay de l’Ecole, quay de la Grenouillière, porte Saint Antoine, etc.
[14] Ces sortes d’offices datoient du XIVe siècle. Il existe, en effet, une ordonnance de Charles VI, qui établit « quarante jurés compteurs et moleurs de bois. » Leur fonction consistoit à faire mesurer dans un cercle de fer, appelé mole ou moule, le bois à brûler, qui se vendoit sur les ports. Ce sont les charges dont on se moqua le plus, surtout lorsque, par expédient de finances, elles se multiplièrent sous Louis XIV : « — Vous aimez les titres, dit Colombine dans la farce des Chinois jouée au théâtre Italien en 1692, et si l’on n’y tient la main, vous vous mettrez de pair avec les mouleurs de bois. » (Acte IV, scène 2.) — Ils ne tardèrent pas à être supprimés en province, mais il fallut que les villes payassent leur suppression. (Correspond. des Contrôl, génér., nos 1564 et 1573.) Ils durèrent plus longtemps à Paris. Au mois de juillet 1725, on parla même d’en créer de nouveaux. (Journal de Math. Marais, t. III, p. 208.) — C’est par délégation que la charge s’en exerçoit. On s’explique ainsi comment Philippe Caffiéri, père du grand artiste, à qui l’on doit les admirables bustes du théâtre Français, put être à la fois « sculpteur du Roy, et mouleur de bois », ainsi qu’on le voit sur son acte de mort, en date du 7 sept. 1716. (Jal, Dict. crit., p. 303.)
Les Jurez Mesureurs et Controlleurs de grains et farines, en ont à la Halle et sur les quais de l’Ecole et de la Grève.
Le Bureau des Commissaires Controlleurs de la Buche, est devant le pont-neuf du côté de la Samaritaine[15].
[15] Pour tous ces « officiers sur les ports et quais » se trouve un curieux dossier dans la collection des papiers Delamarre, aux mss. de la Biblioth. Nat., t. 153, fol. 13, etc. — Ceux qui avoient qualité de mouleurs et aides-mouleurs de bois, dont il est parlé dans la note précédente, exerçoient, ou plutôt faisoient exercer, principalement au quai de l’Ecole. C’est là, plus encore qu’à la Grenouillère — aujourd’hui le quai d’Orsay — qu’avoient lieu les grands arrivages de bois à brûler. Corbinelli du Pédant joué de Cyrano ne va pas autre part pour acheter les meilleurs cotrets.
Les Jurez Controlleurs de Vins, Cidres et autres Boissons, ont leurs Bureaux, rue Frementeau[16] et sur le Quay des Célestins.
[16] C’est-à-dire Froidmanteau ou Fromenteau.
Il y a au même lieu un Bureau pour les déclarations des marchandises qui doivent les droits à la Doüanne.
Les Jurez Courtiers de Vins ont leurs Bureaux sur le quay de la Grève[17].
[17] Ils faisoient l’essai des vins dans les caves mêmes de l’Hôtel de Ville.
Celui des nouveaux Officiers Gardes batteaux et Metteurs à bord, est sur le même quay et pareillement celuy du Domaine et Barrage.
Celuy des droits du Poisson de mer frais, sec et salé, est sur le quay des Celestins.
Au même lieu est le Bureau des droits qui se levent sur les Cendres, Soudes et Gravelées.
Le Bureau des Marchands Bouchers est sur le port de la Grève devant la place aux veaux[18].
[18] C’est-à-dire sur la gauche de la Grève, vers la rue de la Tannerie, où s’étoit tenu en effet le Marché aux Veaux, jusqu’en 1646, époque où il fut transféré quai des Ormes. Son ancien emplacement fut appelé « Vieille place aux Veaux. »