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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2

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CONSEILS DU ROY, ET CHANCELLERIE.

Monseigneur Boucherat[1] Chevalier des ordres du Roi, Chancelier et Chef de la Justice de France a son Hôtel rue Saint Louis, au Marais[2], où il tient souvent le Conseil des Parties et l’Audiance du Sceau.

[1] Louis Boucherat, chancelier de France et garde des sceaux, depuis le 1er nov. 1665. Après avoir été successivement conseiller au Parlement, maître des requêtes, intendant de Guyenne, de Languedoc, de Champagne et de Picardie, il étoit à quarante-neuf ans, par la protection de Turenne, monté à ces hautes fonctions, qu’il garda jusqu’à sa mort, le 2 septembre 1699.

[2] Il existe encore au no 40, mais est plus connu dans le quartier sous le nom d’hôtel d’Ecquevilly, qu’il eut ensuite, que sous le nom de Boucherat. Quand celui-ci mourut, on commençoit le percement d’une rue qui devoit relier la rue Vieille-du-Temple à la rue Charlot. On lui donna son nom qu’elle garda jusqu’en 1851 ; elle fut confondue alors avec la rue Saint-Louis, aujourd’hui de Turenne, dont elle est, en effet, le prolongement.

Conseillers d’Etat ordinaires.

M. l’Archevêque Duc de Rheims[3], rue Saint Thomas du Louvre.

[3] Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, le même qui fut si cruellement satirisé dans le Cochon Mîtré, dont nous avons parlé plus haut.

M. l’Archevêq. de Rouen[4], rue de Verneuil.

[4] Jacques-Nicolas Colbert, un des fils du ministre. Avant d’être archevêque à Rouen, il y avoit été coadjuteur, avec le titre d’archevêque de Carthage.

M. Pussort[5], rue Saint Honoré.

[5] Henri Pussort, doyen du Conseil, le dernier survivant des juges de Fouquet, contre lequel il avoit déployé une véhémence dont s’indigna Mme de Sévigné, et qu’expliquoit sa parenté avec Colbert, dont il étoit l’oncle maternel. Il mourut le 18 février 1697, « dans une grande vieillesse, dit Saint-Simon, et toujours dans une grande considération. » Pour sa maison, achetée en 1697 par Bertin des parties casuelles, voy. plus haut ce que nous avons dit de celui-ci.

M. Voisin[6], rue Sainte Croix de la Bretonnerie.

[6] Le même, qui devint ministre de la guerre, puis chancelier, puis garde des sceaux, le 2 juillet 1714, et qu’il eût fallu, suivant Saint-Simon, laisser dans quelque intendance, comme celle du Hainaut, où il avoit montré des qualités, mais de second ordre : « Noyé, dit-il, dans la science d’intendant qu’il possédoit parfaitement, et dans l’exercice de laquelle il avoit passé presque toute sa vie. »

M. Courtin[7], rue Saint Louis, au Marais.

[7] Honoré Courtin, doyen du conseil après la mort de Pussort. Il avoit été plusieurs fois ambassadeur, notamment en Angleterre, à l’époque de la fuite de la reine, femme de Jacques II : « Il avoit, dit Saint-Simon, signé le traité de Heilbronn, celui de Bréda et plusieurs autres. Il avoit toujours été fort estimé et fort honoré dans tous les emplois où il avoit passé. » Il mourut le 27 décembre 1703.

M. Benard de Rezé[8], rue d’Orléans.

[8] Fut longtemps du Conseil, dont il mourut le sous-doyen, le 9 décembre 1702. Un de ses fils fut évêque d’Angoulême.

M. d’Aligre[9], ruë Saint Dominique, Quartier Saint Germain.

[9] Fils du chancelier Etienne d’Aligre. Il avoit dû à la haute position de son père d’être fait conseiller ordinaire, sans passer par le titre de conseiller de semestre. Cette faveur étoit grande, et personne de son rang ne l’obtint après lui, ce que Dangeau n’oublia pas de constater, en parlant de sa mort le 19 mai 1695.

M. de Pommereu[10], vieille rue du Temple.

[10] Aug. Rob. de Pommereu, seigneur de la Bretêche-Saint-Non, fut intendant du Bourbonnais et de Bretagne, où Mme de Sévigné le trouva le plus honnête homme et le plus bel esprit de la robe. Il fut ensuite à Paris prévôt des marchands de 1676 à 1683, et devint deux ans après conseiller d’Etat. Quand il mourut en septembre 1699, Saint-Simon écrivit en marge de son manuscrit du Journal de Dangeau cette note qui vaut une oraison funèbre : « homme droit, ferme, et transcendant, qui avoit et méritoit des amis. »

M. d’Argouges[11], ruë de l’Echarpe.

[11] Frère du lieutenant civil. Il fut fait conseiller d’Etat avec Caumartin, le 20 janvier 1685 : « Ils étoient, dit Dangeau, les plus anciens du semestre. »

M. Bignon[12], ruë des Bernardins[13].

[12] Jérôme Bignon, fils de l’avocat général au Parlement, et conseiller d’Etat depuis le 28 mars 1686. Saint-Simon, qui « étoit de père en fils ami particulier des Bignon », l’avoit en grande estime.

[13] L’hôtel patrimonial des Bignon s’y trouvoit. Il avoit été construit en 1566 pour Jacques Lefèvre, abbé de la Chaise-Dieu, conseiller intime de Charles IX. L’étage inférieur, dont les sculptures allégoriques, datées de 1567, sont attribuées à Jean Goujon, fut transporté, après la démolition de l’hôtel, en 1830, dans la seconde cour de l’École des Beaux Arts, où il est toujours. L’abbé Bignon, fils du conseiller d’Etat et bibliothécaire du roi, avoit, au commencement du XVIIIe siècle, vendu l’hôtel au chancelier de la principauté de Dombes, M. Chol de Torpane, dont il avoit pris le nom.

M. Rouillé[14], Isle Notre Dame.

[14] Rouillé, comte de Melai, dont Mme de Sévigné désiroit tant que son fils épousât la fille. Il avoit été fait conseiller d’Etat à la mort de Caumartin, et il fut président du Conseil des finances au commencement de la Régence.

M. de la Reynie[15], ruë du Boulloy.

[15] Gabriel-Nicolas de la Reynie, si célèbre comme lieutenant de police. C’est à ce titre que nous parlerons de lui plus loin. Sa nomination au Conseil d’Etat datoit du 28 mars 1686.

M. le Marquis de Villars[16], rue sainte Anne.

[16] Un des trois conseillers d’état d’épée. Le célèbre maréchal duc de Villars étoit son fils. C’est l’Orondate de Mme de Sévigné. Il avoit été ambassadeur en Danemarck, puis à Madrid, d’où il rapporta ce curieux Mémoire sur la Cour d’Espagne, depuis 1679 jusqu’en 1681, publié en 1733, pet. in-8, et réimprimé à Londres, à petit nombre, en 1861, d’après un manuscrit, par M. W. Stirling qui le croyoit inédit. Le marquis mourut le 28 mars 1698, à plus de quatre-vingts ans. Sa femme a laissé des Lettres, dont le chevalier Perrin possédoit le recueil, et dont la publication qu’il se réservoit n’a été faite qu’en 1760, six ans après sa mort. Léop. Collin les réimprima sous l’empire, et plus récemment M. Courtois en donna une édition fort soignée.

M. de Saint Romain[17], rue saint Louis.

[17] Melchior de Harod de Senevas, marquis de Saint-Romain, mort en juillet 1694, à plus de quatre-vingts ans. Il étoit le plus intime ami de Courtin que nous avons vu plus haut : « tous deux conseillers d’état, dit Saint-Simon, l’un d’épée, l’autre de robe. »

M. le Comte de la Vauguion[18], rue de Grenelle, Quartier S. Germain.

[18] Cette note de Saint-Simon, dans le Journal de Dangeau, à la date de sa mort, le 29 décembre 1693, peut lui servir de biographie : « Après diverses folies, il se tua de deux coups de pistolet, chez lui à Paris, dans son lit. Il étoit chevalier de l’Ordre depuis 1688, conseiller d’Etat d’épée, et avoit eu plusieurs ambassades, fort gueux, plein d’esprit et de galanterie ; veuf et sans enfant, très petit et simple gentilhomme. »

M. l’Archevesque d’Ambrun[19], près le Collége des 4 Nations.

[19] Charles Brulart de Genlis, mort en 1714.

Conseillers d’Etat du Semestre de Janvier.

M. d’Aguesseau[20], Quai de Nesle.

[20] Henri d’Aguesseau, d’abord maître des requêtes, président au grand Conseil, puis intendant à Limoges, à Bordeaux, dans le Languedoc, et enfin conseiller d’Etat. L’idée de créer l’ordre de Saint-Louis est de lui. A sa mort, le 5 sept. 1699, Saint-Simon, dans une note du Journal de Dangeau, fit amplement son éloge. L’illustre chancelier d’Aguesseau étoit son fils.

M. de Ribeyre[21], ruë de Taranne.

[21] Antoine de Ribeyre, qui étoit aussi conseiller d’honneur au parlement de Paris, après avoir été intendant à Poitiers, puis à Tours, et commissaire du Conseil en Bretagne. A sa mort, en octobre 1712, son gendre La Bourdonnois, intendant d’Orléans, lui succéda comme conseiller d’Etat.

M. le Comte d’Avaux[22], ruë sainte Avoye.

[22] Jean-Antoine de Mesme, qui s’étoit donné le titre de comte d’Avaux qui n’appartenoit qu’à son frère aîné : « Ses fréquentes ambassades, dit Saint-Simon, l’avoient accoutumé à l’épée et à se faire appeler le comte d’Avaux en pays étranger. Dans ses divers retours en France, il ne put se résoudre à se défaire de cette qualité de comte, ni à reprendre l’habit de son état. » C’est lui que Mme de Sévigné appelle Figuriborum. Il mourut en février 1709. Nous avons, p. 26, note 3, parlé de son hôtel.

M. l’Abbé le Pelletier[23], ruë de la Couture sainte Catherine.

[23] Ancien commissaire aux Grands Jours d’Auvergne, frère du contrôleur général Le Pelletier et de Le Pelletier, de Souzy. Il étoit conseiller d’Etat depuis 1685, et il mourut le 17 octobre 1696.

M. de Breteuil[24], rue du Grand Chantier.

[24] Ancien intendant des finances, et conseiller d’Etat depuis 1685.

M. du Gué de Bagnols[25], Intendant en Flandres.

[25] Dreux-Louis Du Gué de Bagnols, conseiller d’Etat depuis 1687. C’est le même dont la femme amusoit tant Mme de Sévigné avec ses ridicules.

Conseillers d’Etat du Semestre de Juillet.

M. de Marillac, ruë Sainte Avoye[26].

[26] Ancien avocat général au grand Conseil et intendant à Poitiers. Il eut la charge de conseiller d’Etat de semestre en 1603, parce que son père s’en démit pour lui, « ce qui, dit Dangeau, ne s’étoit jamais pratiqué. » — L’escalier de son hôtel, rue Sainte-Avoye, étoit remarquable. V. G. Brice, 3e édit., t. I, p. 256.

M. le Pelletier de Souzy[27], rue de la Couture S. Catherine.

[27] Nous avons dit comment il fut en passe de succéder à son frère comme contrôleur général au lieu de Pontchartrain. Il étoit d’une grande capacité. C’est avec lui que le roi faisoit tous les lundis le travail des fortifications.

M. de la Moignon de Basville, Intendant en Languedoc[28].

[28] Cinquième fils du président de Lamoignon. Il fut d’abord intendant à Poitiers. En Languedoc, après la révocation de l’Edit, il fut terrible contre les protestants.

M. Bazin de Bezons, Intendant en Guyenne[29].

[29] Avoit été d’abord intendant à Limoges et à Orléans. Il étoit conseiller d’Etat de semestre depuis le 28 mars 1686.

M. de Harlay de Bonneuil[30], ruë Saint Louis, au Marais.

[30] Nicolas-Auguste de Harlay de Bonneuil, d’abord conseiller au Parlement, maître des requêtes et intendant en Bourgogne. Il fut conseiller d’Etat de semestre en 1686, et conseiller d’Etat ordinaire en 1700. Le chancelier Boucherat étoit son beau-père.

M. de Fourcy[31], rue de Jouy[32].

[31] Autre gendre de Boucherat, dont il avoit épousé la fille aînée. Il fut prévôt des marchands à Paris, de 1684 à 1691.

[32] A l’époque de sa prévôté on ouvrit, près de son hôtel, une rue qui faisoit communiquer la rue de Jouy avec la rue Saint-Antoine. On lui donna son nom qu’elle a gardé.

Maitres des Requestes de l’Hotel du Roy.

Pour M. le Doien, voiez le Chapitre des principaux Magistrats, et pour les autres prenez la liste dans la Grand’Salle du Palais, près la Chapelle, au bas du dégré des Requestes de l’Hôtel, ou chez les Sieurs Michallet et Rondet imprimeurs ruë Saint Jacques.

Les Grands Audianciers de France, Examinateurs et Rapporteurs des Lettres qui doivent passer au Grand Sceau, sont

Pour le quartier de Janvier, M. Boucher, ruë des Quatre Fils. Pour celuy d’Avril, M. le Mire, ruë de Paradis. Pour celuy de Juillet, M. le Fevre, Place du Collége Mazarini[33]. Et pour celuy d’Octobre, M. le Menestrel, ruë du Hazard[34].

[33] Il logeoit, en effet, au collége des Quatre Nations, ou collége Mazarin, qui est, comme on sait, devenu le palais de l’Institut.

[34] Fils du trésorier du Conseil des bâtiments. Il habitoit, rue du Hazard, une des nombreuses maisons dont son père avoit eu, grâce à sa charge, le terrain presque pour rien, à l’époque où l’on construisoit ce quartier. V. notre Histoire de la Butte des Moulins, p. 84.

Les Contrôleurs Généraux de l’Audiance de la Chancellerie de France qui veillent à ce que les Lettres accordées ne soient soustraites, et que nulles autres ne passent au sceau, sont :

Pour le quartier de Janvier, M. Contard[35], ruë saint Honoré. Pour celui d’Avril, M. Pitot[36], ruë de Ventadour. Pour celui de Juillet, M. Benoist, ruë de Grenelle, quartier saint Germain. Et pour celui d’Octobre, M. de Jonquiere, rue Vivienne.

[35] Il faut lire Coustard, d’après l’Alman. royal de 1702, p. 41.

[36] Le même Almanach le nomme Pirot.

Les Gardes des Rolles des Offices de France, sont :

Pour le quartier de Janvier, M. Préval, ruë de la Sourdiere. Pour celui d’Avril, M. Hevin[37], rue des Fossez Montmartre. Pour celui de Juillet, M. Boucot[38], rue Hautefueille. Et pour celui d’Octobre, M. Ausbourg, rue des Fossez Montmartre.

[37] Hénin, d’après le même Almanach, p. 41.

[38] C’étoit un des plus grands curieux de Paris, comme on le verra plus bas, à propos de sa bibliothèque. Il eut la visite de Lister, quand celui-ci fit son second voyage à Paris. Grand amateur de coquilles, il admira surtout celles qui étoient une des nombreuses curiosités du cabinet de Boucot (Voyage de Lister à Paris en 1698, traduct. de la Société des bibliophiles, 1873, in-8, p. 64-66). G. Brice, qui lui aussi, dans sa Description de Paris, parle longuement, t. II, p. 97-99, des collections de Boucot, y mentionne en particulier la bibliothèque : « On y voit, dit-il,… une grande quantité de livres très-bien conditionnés, entre lesquels il y en a plusieurs de cartes et d’estampes rares et singuliers. » A la mort de Boucot, en 1699, la vente de ses livres prouva que Brice avoit dit vrai ; il nous suffira de donner le titre du Catalogue, qui annonçoit cette vente pour le 16 nov. : Catalogue de la Bibliothèque de défunt M. Boucot, garde rolle des officiers de France, composée de plus de dix huit mille volumes de livres imprimez, très-bien conditionnez, plusieurs des in-folio étant de grand papier, et reliez en maroquin, de plus de soixante et dix mille estampes, entre lesquels il y a dix sept mille portraits. M. G. Duplessis a publié, en 1870, sur cette vente, une curieuse lettre de Nicos Clément à Gaignières, dans le Bibliophile françois, t. V, p. 97.

Trésorier General du Sceau.

M. Bechet, Place des Victoires.

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