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Vers la lumière... impressions vécues : $b affaire Dreyfus

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LA PETITE BALLE


Rennes, 24 août 1899.

Labori intente un procès à M. Rochefort, à M. Drumont, à d’autres : encore il fait bien !— L’Intransigeant, la Libre Parole, la Patrie, ne cessant, non pas même d’insinuer, mais de proclamer, que l’attentat fut imaginaire et notre douleur comédie.

Il entend que l’on s’explique ; il ne lui convient pas d’être doublement victime, et, après avoir été blessé, d’être diffamé : il a raison.

Mais avant que de voir quelles ripostes triomphantes, quelles répliques péremptoires sont en réserve, regardons un peu, pour notre édification personnelle, en quels termes galants ces choses-là sont dites.

Voici d’abord M. Rochefort :

« Le précieux coup de revolver tiré sur M. Labori, et dont le secret reste d’autant plus impénétrable que la balle n’a pas pénétré... Nous demandons à voir la balle : on ne nous la montre pas non plus. Elle est restée dans les muscles et nulle menace n’arrive à l’en faire sortir. Si quelqu’un a pu avoir un avantage quelconque à tirer sur M. Labori avec un revolver peut-être chargé de gros sel, c’est certainement un agent du Syndicat ou du gouvernement. »

Maintenant voici M. Drumont, même thème, à propos de la démarche du docteur Doyen.

« Reclus refusera absolument de lui montrer la plaie, peut-être parce qu’il n’y en avait pas. »

Et l’Intransigeant évoque le souvenir de l’agression simulée contre Joly, sous la Fronde ; et la Libre Parole, tout de go dit:

« Chaque jour amène la conviction que ce fameux attentat a été machiné en vue d’un effet de théâtre, etc. »

Tandis que la Patrie — où M. Nicolas Massard, officier de réserve, en souvenir de M. Émile Massard, secrétaire de rédaction au Cri du Peuple, ferait mieux d’éviter les polémiques où il est question de revolver — procède par petits filets, pour aboutir aux mêmes conclusions.

Alors qu’en plus des témoignages de Gast, de Picquart ; de tous ceux, agents ou particuliers, qui ont ramassé Labori sanglant ; des docteurs Reclus, Brissaud, et du major dont le nom m’échappe, on apportera simplement à l’audience le rapport de M. le docteur Perrin des Touches, médecin-légiste du parquet de Rennes, fougueux nationaliste, qui fut appelé, par ses confrères, pour procéder à l’examen de la blessure, et l’épreuve radiographique que tira de celle-ci M. le docteur Delbet.

Rien que ça... le tribunal appréciera. 4

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