Les Sèvriennes
CHAPITRE XXX
LES SÈVRIENNES CHEZ M. LEGOUFF
— Eh bien, allons-nous-en causer dans mon petit bois, fit M. Legouff en se levant de table.
Les Sèvriennes radieuses suivirent leur vieux maître, qui ce dimanche-là, avait invité Victoire Nollet et Berthe Passy, au déjeuner de famille.
C’est une coutume chère à M. Legouff, de réunir quelques élèves, autour d’une tasse de thé, pendant l’hiver, et de recevoir, à sa maison de campagne, les Sèvriennes qui lui agréent.
L’autre dimanche, Marguerite Triel et Jeanne Viole, sont venues ; c’est aujourd’hui le tour de Berthe et de Victoire.
Sans doute, les invitations se borneront-là ; l’examen est si proche.
Les oubliées en ont le cœur gros.
A Sèvres, on s’est pris tout de suite à aimer M. Legouff, pour la bonhomie de ses entretiens, son abord facile, pour cette mémoire du cœur si surprenante chez un vieillard.
Avant de partir, chacune voudrait lui dire, oh sans phrases, ces mots qui remercient, ces mots de souvenir et de gratitude, ancre jetée d’une main sûre, dans les parages qu’on ne reverra plus.
De leurs fenêtres, les Sèvriennes guettent le retour de leurs compagnes ; quelles reliques vont-elles rapporter ? fleurs, livres, ou portrait ? Auront-elles vu, à la table de famille, le petit-fils musicien, prix de Rome, ma chère, ou bien le peintre qui expose au salon, peut-être aussi l’auteur de l’inoubliable Champignol malgré lui ?
Décidément ce soir-là, on est un personnage !
C’est la maison paternelle, que cette maison des champs, où les petits-fils et les arrière petits-fils vivent autour de l’aïeul ; comme dans une chesnaie vigoureuse, les jeunes plants nouent leurs racines, aux racines du vieux chêne.
C’est la maison dont :
Où, le dernier petit, mal campé sur ses trois ans, gazouille à en perdre la tête, frisant de ses menottes l’herbe haute comme ses doigts.
Au seuil d’un petit bois, se dresse la maison blanche, sous le treillis des glycines et des roses. Les volets clos laissent au logis, la fraîcheur des gazons mouillés, l’odeur sereine des arbres, le parfum des larges clématites, qui étoilent l’arche des portes.
Le vent en passant, jette une fuselée d’eau sur les marches branlantes, un tantinet verdies, car la maison est vieille.
Elle est plus vieille encore que M. Legouff, et comme lui fidèle au temps passé. Elle n’a pas de style, et ne rappelle en rien ces logis qu’on aimait au XVIIIe siècle, tout de rocailles, de trumeaux : une bâtisse lourde, trouée de fenêtres inégales, aux vitres décolorées. Des meubles de la belle époque de M. Guizot, acajou et reps, guéridons trapus ; Estelle et Némorin sous le globe des pendules ; lits étroits dans les alcôves ; portraits graves de messieurs « à toupets » cravatés de blanc ; de vieilles dames à « repentirs » s’étudiant à pincer la dentelle d’un mouchoir…
M. Legouff a pris son panama, Berthe et Victoire leurs ombrelles ; ils sont partis vers le petit bois.
Les arbres ne sont pas hauts, mais les ramilles touffues plafonnent des allées charmantes ; dans les recoins, au dessus des tables, les charmilles bouffent en jupe légère.
Les feuilles, encore fraîches, ont une transparence d’émeraudes filtrant le soleil ; à peine alourdie par l’été, la vie bourdonne, butine, vole, murmure, exhale son odeur : l’âme des choses erre souriante à travers la verdure.
— « Et je plante encore, à mon âge… » dit M. Legouff en désignant de son parasol une pépinière d’arbrisseaux. « Chaque fois qu’il nous naît un enfant, je plante un arbre ; voyez comme mon Jacques pousse, celui-ci, c’est Antoinette, cet autre, mon petit Jean. »
Les Sèvriennes marchent et s’arrêtent avec lui, surprises de sa vigueur, il est presque jeune dans ce costume de coutil blanc.
Leurs yeux s’attachent à tout ; elles savent l’histoire de la maison, les événements heureux dont elle fut témoin, l’union des enfants, les coups de chance qui aplanirent la longue route de M. Legouff.
— Vous ne vous êtes jamais demandé, mesdemoiselles, comment moi, qui suis plutôt un homme de théâtre qu’un pédagogue, j’ai pu devenir votre directeur ? Eh bien voilà : on fonde Sèvres. — Qui mettre à la tête ? — Ministre, Directeur, très embarrassés ! — on vient me trouver. — Accepteriez-vous ? — Moi ! diriger des jeunes filles et des savantes encore ? — Nous ne demandons pas de titres universitaires, mais vous avez écrit : l’Histoire morale des femmes, l’Art de la lecture,… vous avez, cher maître, le doigté, l’expérience… — Non, non, cela m’effraie.
Et quelques jours après, le ministre m’écrit :
« Vous pouvez leur faire du bien, vous seul le pouvez. »
— Alors je suis votre homme, ai-je répondu.
Le lendemain j’étais Directeur de Sèvres.
Sa main se tend d’un geste charmant vers les deux jeunes filles, qui s’inclinent et le remercient.
— Votre nom, monsieur, dit Victoire, a été pour l’École une sauvegarde. Il a rassuré ceux mêmes qui s’inquiétaient de voir Mme Jules Ferron à notre tête.
On s’est dit, qu’avec M. Legouff, nous ne pouvions apprendre que de belles et utiles choses.
— Vous dites vrai, mon enfant, quantité de mes amis s’effrayaient de cette création. Il est encore bien tôt pour juger des résultats. Nous avons été avec prudence, plus va, plus je voudrais restreindre l’ampleur encyclopédique de vos programmes. C’est une belle cause que celle de l’émancipation des femmes, mais que de dangers, que d’erreurs possibles ; rien ne brûle un cerveau comme des études hâtives.
— Vous pouvez être rassuré sur ce point, monsieur, fit Berthe, la discipline de l’École a dompté les esprits qui tout d’abord regimbaient.
Elle poussa un soupir…
— N’aimeriez-vous pas l’École mon enfant ?
— Oh si je l’aime ! j’y suis heureuse, tranquille. J’y ai bien pleuré quelquefois, M. d’Aveline a la main rude ! Maintenant j’y suis faite ; je m’en irai avec chagrin et si tourmentée !
— Allons, qu’est-ce qui vous tourmente, grande fille, est-ce l’agrégation ?
— Non, monsieur, je sais bien que je ne serai pas reçue à l’agrégation, c’est mon avenir de professeur qui me tracasse.
Suis-je prête ?
Ces titres de licenciées, d’agrégées, dont nous sommes si fières, ne sont pas une garantie de notre talent.
Apprendre et enseigner sont deux ; si je n’ai pas peur d’exposer devant le jury, le système de Pythagore, je suis terrifiée, en songeant qu’il me faudra expliquer, à des marmousets, les règles élémentaires de la Grammaire.
M. Legouff a écouté, un peu surpris, cet aveu de Berthe ; puis se reprenant à marcher, il tapote la main qu’il vient de prendre :
— N’ayez pas peur, mon enfant, la difficulté n’est pas aussi grande que vous vous l’imaginez. Faites toujours de votre mieux, le succès viendra par surcroît. On s’habitue à tout, et vous enseignerez la règle de « même » et de « gens », comme vous dissertez sur Pythagore.
Tenez, je suis bien sûr, à la mine de votre compagne, que Mlle Nollet ignore vos scrupules. C’est une nature combative la sienne, virile, j’ajouterais presque. Avec sa petite robe noire, et son chapeau comme ça, elle me fait penser à quelque calviniste de Genève, pour qui, tout livre accepté devient une Bible.
— C’est vrai, monsieur, il me tarde d’être affranchie de la tutelle de l’École, de chercher, d’appliquer, une méthode qui soit la mienne. J’ai hâte de posséder l’esprit de mes élèves, de leur enseigner la bonne parole.
J’ai longuement réfléchi, depuis que je suis à Sèvres.
— Et ? interrogea M. Legouff.
— Je crois que je suis prête. Aussi, j’entends diriger ma classe, sans l’ingérence de personne ; je suis avide de responsabilité ; toutes mes forces, je les dépenserai librement, certaine d’ouvrir l’intelligence de mes élèves, par l’effort que je leur imposerai.
M. Legouff s’arrêta près d’une source endormie et les invita à s’asseoir : il avait ouvert son parasol blanc, et sa figure ossifiée, s’anima pour répondre à Victoire Nollet, très rouge.
— Voyez-vous cette petite personne décidée ! saura-t-elle régenter ces élèves !
Vos idées sont-elles aussi tranchantes en matière d’éducation ? Voyons votre idéal.
Posément, accentuant de la main, en un geste rude, Victoire expose ses idées, leur donnant de la voix l’apparence d’axiomes indiscutables.
— Mon idéal, monsieur, le voici :
Tout dans notre enseignement des jeunes filles doit se ramener à la culture de la Raison : raison pratique, raison pure, tout est là.
Il est dangereux de cultiver l’imagination, la sensibilité. Cette culture se fera d’instinct, à son heure. J’estime, que quelques promenades dans les champs, quelques contemplations du ciel étoilé, en apprennent plus qu’un tableau de Raphaël, ou des vers de Lamartine. Cultiver les beaux-arts, c’est ouvrir la porte aux rêvasseries, et perdre son temps.
Ce que je veux ? Fortifier l’intelligence par les études abstraites, ou comparées ; fournir l’occasion de discuter, de juger, de vouloir surtout.
En somme, je ramène l’instruction de nos lycées à la formation du caractère. Mes élèves seront des femmes de tête, passionnées, mais aussi maîtresses d’elles-mêmes, capables d’élan réfléchi, de sacrifice héroïque ; Portias ou Cornélies de l’homme moderne.
Rousseau et George Sand, ont détraqué notre génération, après la génération de nos mères ; nous devons être les chirurgiens de ces âmes. Pour moi, je considère comme un devoir de faire table rase du passé, pour implanter, vigoureusement, le culte absolu de la force morale.
— Mon Dieu, monsieur, vous devez sourire de nos prétentions à trancher des questions si graves, vous qui êtes notre Maître, vous qui apportez tant de restrictions dans votre jugement.
Permettez-moi de protester tout de suite ; Victoire affirme des théories, qu’à Sèvres nous ne partageons guère.
Vous Victoire, vous êtes une stoïcienne convaincue, vous tueriez le corps pour sauver l’âme. J’avoue que l’austérité de vos principes, appliquée à l’éducation des jeunes filles, me paraît désastreuse.
J’ai pu le voir à l’École, et déjà au lycée Fénelon, une instruction trop développée, va souvent à l’encontre du développement du caractère. Des jeunes filles, très raisonnables, aussi longtemps qu’elles ont été soumises aux principes de la famille, ont brusquement cessé de l’être, le jour où l’étude les a prises.
Oui, l’étude a été pour elles une volupté dangereuse, énervante, qui les a affaiblies, corrompues même ! Elles ont vécu dans leurs livres, d’une vie artificielle, s’éloignant chaque jour de la réalité. Elles ont fait, sur elles-mêmes, de l’analyse psychologique ! elles ont voulu expérimenter la science qu’on leur dévoilait. L’esprit d’examen en a fait des raffinées, des curieuses, peut-être des coupables.
Et répondant au geste de Victoire :
— Cette question de philosophie qui est la dominante de votre enseignement, me paraît à moi la cause de tout le mal. Comment voulez-vous que des fillettes de quinze ans, même guidées par votre sagesse, se reconnaissent au milieu de tous les systèmes qu’on leur expose !
Vous en ferez des sceptiques, des raisonneuses, des égoïstes. En gagnerez-vous beaucoup à votre système, qui étouffe la joie, et vous le savez bien, Victoire… la charité.
« Souffre et abstiens-toi. »
Faites donc accepter cette morale à de jeunes êtres avides de vivre !
— Je l’avoue, monsieur, je suis inquiète de cet enseignement que nous allons répandre : le sens moral est en jeu, sommes-nous assez sûres de nous, pour rétablir l’équilibre du dedans.
N’avons-nous pas justement à Sèvres le type de cette génération montante, que nos anciennes ont formée. Voyez ce groupe si curieux de Juliette, d’Hélène et de Marianne. L’une s’est emballée sur la question sociale, et toute sa philosophie aboutit aux utopies d’un monde nouveau, créé après l’anarchie. Que seront ses élèves à celle-là ?
L’autre, est une hégelienne qui méprise la vie, habite la lune, je suppose. Qu’enseignera-t-elle sur la pratique de la vie, elle qui nie les faits.
Et la troisième, épousant les idées de tout le monde, allant dans la vie comme un bâton flottant !
Enseignera-t-elle le secret de vouloir !
Les avez-vous observées de plus près, alors vous avez vu que leur « armature » n’est pas autre chose que l’orgueil… ne trouvez-vous pas Victoire, que les gens de bon sens peuvent regretter la lande de nos grand’mères. Parfois il y volait des papillons, tandis que nos épis, souvent ne sont que des épis creux.
— Mais c’est un vrai débat, s’exclama M. Legouff en se levant ; vos maîtres, mesdemoiselles, n’ont pas perdu leur temps.
Tempérons ! Tempérons ! vous mettez les choses au pis, écoutez-moi, je suis sûr de vous rallier à mon opinion.
D’abord vos élèves ne fructifieront pas, en bien et en mal, comme vous le préjugez : elles seront récalcitrantes, parce que médiocres. Les semailles ont beau être riches, la terre peut ne rien valoir ; contentez-vous, si le blé n’est pas dru, d’y voir pousser quelques bluets.
Mesurez, observez, tentez différentes cultures. Ne brisez pas vos élèves sous une volonté de fer, Mlle Nollet. Ne craignez pas, Mlle Passy, de les exalter par des idées hautes.
Le bonheur de ces enfants est entre vos mains, mesdemoiselles, plus que leur bonheur, l’avenir de notre race, car les fils sont l’œuvre de chair et d’âme de leurs mères.
Oui, je le reconnais, l’École vous tient éloignées du monde réel, mais elle est le « sanatorium » où toutes, vous vous refaites moralement des muscles et du sang. Vous emportez de Sèvres une magnifique culture intellectuelle, votre tempérament saura en faire usage.
Vos directrices vous aideront à ne point dépenser, inutilement, les trésors que vous leur apportez.
— Nos directrices ! ah ! monsieur, fit Victoire toute droite, il est bien difficile de compter sur elles, ou elles vous accablent de conseils et vous noient, ou elles vous les refusent et condamnent.
Ce serait curieux d’énumérer les types de nos directrices actuelles ; à peine y en a-t-il deux ou trois qui soient dignes, comme Mme Jules Ferron, d’être à la tête d’un lycée de jeunes filles.
— Oui, le type le plus redoutable, c’est la directrice juge et gendarme, qui vous garrotte à tous les moments du service, et hors du service. Avec elle, nous autres, ses égales, fait Berthe indignée, nous serons ravalées à ce rôle de Vingtras, laquais de l’administration !
Et puis, on en meurt de cette tyrannie. Je pense que d’avoir assassiné Isabelle Marlotte, la directrice de Tourcoing doit avoir d’édifiants colloques avec sa conscience.
— Que dites-vous là, mon enfant ?
Berthe se tut, hésitant à révéler l’infamie d’une ancienne ; puis, très bas, avec des larmes dans la voix :
— Isabelle Marlotte s’est suicidée. Sa directrice n’ayant pu l’endoctriner, l’a menacée d’une révocation. Isabelle qui n’était ni romanesque, ni déséquilibrée, mais une âme fière, incapable de lutter contre la méchanceté, a préféré mourir plutôt que de perdre, par une disgrâce, l’estime publique.
— Oh ! l’affreuse chose, que ne m’a-t-elle écrit, j’aurais pu…
— Elle a mieux aimé se taire.
— Oui, c’est vraiment très beau ce sacrifice du « moi » au culte intransigeant d’une idée, fit Victoire Nollet, que l’émotion même de M. Legouff ne touchait pas.
— Quelle chose irréparable ! Et sa directrice ?…
— Elle aura de l’avancement.
Un long silence tomba ; puis Berthe, voulant effacer l’impression trop triste de ce souvenir, dit en s’adressant à M. Legouff :
— Je crois que d’autres meurent lentement du mal d’abandon. Si Renée Violat n’avait épousé M. Marnille, l’ennui de vivre l’aurait prise à son tour. La force de résistance s’use dans cette longue inertie de province ; elle est générale cette tristesse inguérissable des femmes professeurs.
Avec un demi sourire, elle murmura intérieurement :
— D’où leur vient cette tristesse, le savez-vous ?
— Elle vient, je crois, monsieur, de l’isolement du cœur. Quelques-unes, comme Victoire, se consolent avec elles-mêmes, mais les autres ? Celles qui ne trouvent ni amitié ni protection dans la ville où le hasard les envoie, d’où un caprice les rappelle ?
Je ne sais pas, si nos anciennes vous écrivent les épreuves qu’elles traversent, ce qu’elles nous racontent, à nous, est peu rassurant : quand leur vie n’est pas un épisode héroï-comique, c’est une souffrance de tous les jours, qui leur vient de l’opinion publique.
On ne se commet pas avec nous ; on ne nous reçoit pas. A notre façon, nous sommes les chemineaux de l’Université. On nous surveille, on nous critique, on met en garde contre nous la sympathie et la confiance, sous prétexte que nous sommes à la dévotion d’un parti !
Enfin, on exige de nous une prudence, une conduite avertie, que n’ont pas toujours des femmes de quarante ans, et nous n’en avons pas vingt-cinq !
Ah ! la pitié, la solidarité, dans notre milieu ! des mots, des mots tout cela. On en fait des manuels, ça se vend…
— Taisez-vous, petite fougueuse, dit M. Legouff qui n’a pas entendu ces dernières paroles, taisez-vous, l’amertume n’est pas de votre âge. Allons, reprenez-moi votre belle vaillance. Tout s’arrangera, le temps est un grand maître.
Moi, qui ai pris racine à l’ombre de ces arbres, je vais vous dire ce qu’ils vous recommandent.
Acceptez l’épreuve avec courage ; allez où l’on vous enverra, la loi des milieux est une loi bienfaisante. Elle tempère et unifie ; peu à peu, vous vous habituerez à cette vie, vous mettrez votre énergie à remplir votre mission.
Haut les cœurs, mes enfants !
Vous êtes de ces métaux précieux qui servent à la frappe de nos belles monnaies : purs, ils gardent mal l’empreinte et se déforment sous les doigts. Alliés à un métal ductile, l’empreinte est éternelle. Voilà l’alliage que fera la vie : dans ce creuset, vous apportez l’or fin ; elle ajoute le bronze !
Soyez gaies, un sourire de femme arrête la fortune ; voyez Mlle Diolat, elle est heureuse ; d’autres m’ont écrit : « Je vous envoie le meilleur de moi-même, le sourire de mon petit enfant. » Voilà des joies promises !
Allez mes enfants, souvenez-vous qu’on peut compter sur moi.
— Oh merci, monsieur, nous emportons là notre viatique !
Et Victoire radieuse serra la main que monsieur Legouff lui tendait.
Berthe, songeuse, embrassa d’un dernier coup d’œil la maison, les enfants qui se roulaient sur l’herbe, le vieux maître, qui ressemble, là plus encore, à ces Dieux rustiques protecteurs de la sagesse et de la paix des champs, puis se baissant vers l’allée, Berthe y choisit, pour le garder, un petit caillou blanc.