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Perte et gain : $b histoire d'un converti

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NOTES.

A

« Les Universités et les colléges d’Angleterre sont des institutions tout à fait distinctes. Nécessité donc de se dépouiller tout d’abord de l’idée que réveille naturellement chez nous l’Université telle que nous l’avons en France.

» L’origine des Universités anglaises est de date fort reculée. Elles furent dans le principe instituées pour l’enseignement de tous, sans distinction de classes. L’origine des colléges est bien différente. Ces établissements sont dus à des fondateurs qui les ont dotés de propriétés foncières, dont la possession et la transmission se font en vertu de chartres de corporation, données à ces établissements. Mais les fondateurs les ont institués avec une destination déterminée, ou abandonnée au choix de celui qui était appelé à les diriger. Dans ces colléges, les étudiants se préparaient à recevoir plus tard le haut enseignement des Universités. Mais on vit ces derniers établissements être à peu près abandonnés, et les colléges recevoir presque exclusivement le soin d’instruire la jeunesse. Sous Henri VIII, il fut décidé que pour être admis dans les Universités, il fallait avoir d’abord été reçu dans l’un des colléges établis près d’elles. Or, les colléges étant des institutions privées, où une certaine classe, un certain nombre de personnes pouvaient seules être admises, les Universités elles-mêmes, d’institutions publiques, devinrent des institutions privilégiées.

» On vit plus tard, sous la reine Elisabeth, le grand sénéchal de l’Université d’Oxford décréter qu’il faudrait, pour être admis dans les colléges, jurer les trente-neuf Articles qui constituent les dogmes du culte anglican. Le bienfait de l’instruction était déjà devenu le privilége des nobles et des riches ; il devint alors celui d’une secte, et cet état de choses s’est continué jusqu’à nos jours.

» Les Universités ont conservé leurs professeurs titulaires qui jouissent d’énormes revenus ; mais ces messieurs, laissant aux colléges le soin de faire le cours, possèdent à peu près des sinécures. Ce sont aujourd’hui les colléges qui enseignent ; les Universités constatent seulement la science, en faisant subir les examens et conférant les différents grades. Ces établissements sont tout à fait indépendants du gouvernement, qui n’exerce pas même sur eux un droit de surveillance.

» L’Université de Londres, fondée il y a peu d’années, est établie sur des bases plus libérales. Elle diffère de celles d’Oxford et de Cambridge, en ce qu’elle n’est pas exclusivement anglicane : elle est ouverte à toutes les croyances.

» L’Université fondée à Dublin par Elisabeth, quoique basée sur les principes protestants des Universités d’Oxford et de Cambridge, est cependant moins intolérante que celles-ci, car elle admet les étudiants catholiques aussi bien que les dissidents à venir recevoir l’instruction chez elle. Mais on s’imagine aisément avec quelle répugnance des parents catholiques, en Irlande surtout, se décident à confier l’éducation de leurs enfants à des maîtres anglicans. Les Catholiques peuvent non-seulement y recevoir l’instruction, mais ils sont autorisés à habiter l’Université, et à y prendre des grades. Toutefois, ils ne peuvent devenir ni fellows ni scholars.

» A Cambridge, les Catholiques peuvent habiter les colléges et suivre les cours, mais on ne leur donne pas de grades. A Oxford, l’intolérance est absolue : les Catholiques ne peuvent ni y être instruits, ni y habiter.

» Voilà les trois systèmes aujourd’hui en vigueur dans les Universités anglaises. Il serait difficile de donner une explication satisfaisante et raisonnable de ces différences. On ne comprend pas que la présence des Catholiques Romains puisse être dangereuse à Oxford, tandis qu’elle ne l’est pas à Cambridge ; et comment on leur donne plus de liberté à Dublin qu’en Angleterre, lorsque, vu leur nombre et leur influence en Irlande, on devrait se méfier d’eux bien davantage qu’à Cambridge ou à Oxford. » Du Mouvement Religieux en Angleterre, par J. Gondon.

N. B. Depuis que M. Jules Gondon a écrit ces lignes, deux grands faits se sont accomplis : ils méritent d’être indiqués.

1o Après bien des efforts, dignes de succès, l’Irlande a enfin son Université Catholique, à Dublin même. L’inauguration de cet établissement a eu lieu au mois de novembre de l’année 1854. C’est grâce à l’énergie des évêques du pays et à la générosité des braves Irlandais que cette magnifique institution a pu être fondée. Jusqu’à présent, toutefois, l’Université n’est pas complète, puisqu’elle n’a que trois pédagogies ; mais encore un peu de temps, et elle embrassera toutes les branches des sciences humaines.

Dans la création d’une Université catholique en Irlande, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître la main divine ; mais où le fait providentiel nous frappe surtout, c’est dans le choix de la personne à qui a été confiée une œuvre si colossale. Qui, en effet, mieux que le révérend père Newman, pouvait connaître les besoins si étendus d’une institution semblable ? qui, mieux que lui, pouvait donner la vie à cet immense corps après l’avoir créé ? Quel autre eût possédé, au même degré, cet ascendant du génie et de la vertu qui inspire la confiance, attire le talent, féconde les œuvres, leur assure le succès, la gloire, une stabilité pour des siècles ? Que d’événements, enfin, n’ont pas dû s’accomplir, pour que le savant et pieux ex-fellow d’Oriel devînt le premier Recteur d’une Université Catholique en Irlande ? A l’époque de la conversion de son illustre ami, le docteur Pusey écrivit ces lignes dans une lettre devenue célèbre : « Et y avait là (dans le docteur Newman) un homme destiné à être un grand instrument de Dieu, propre par toutes ses qualités à réaliser de grandes choses… Il nous a quittés sans se douter de sa valeur. Il me semble qu’il a été transplanté dans une autre partie du vignoble où toute l’énergie de son puissant esprit pourra être employée, tandis qu’elle ne l’était pas chez nous. » C’est maintenant surtout que ces belles paroles se réalisent. — Qu’on nous permette de le dire, en passant : après tout ce qui a eu lieu depuis dix ans en Angleterre, la conduite du docteur Pusey reste une énigme mystérieuse ; ses anciens amis eux-mêmes ne savent comment expliquer la position que garde le savant professeur. Puisse-t-il, enfin, voir la lumière !

Quel est l’avenir réservé à l’Université Catholique de Dublin ? Le révérend père Newman va lui-même répondre : « Je vous félicite, messieurs, de la noble entreprise que vous avez si heureusement commencée. Pour moi, qui ne l’ai connue qu’après son autorisation par le Saint-Siége, je n’ai jamais, un seul instant, douté de son succès, parce qu’elle nous vient de Rome. Je ne vivrai peut-être pas assez pour être témoin de ses résultats ; mais cet avenir n’altère en rien ma confiance ; car je sais que dans une œuvre aussi importante que la vôtre, l’exécution est laborieuse, et que plus les bienfaits sont grands, plus grandes sont les difficultés. » (Discours d’inauguration, 14 nov. 1854).

Les espérances du R. P. Newman paraissent devoir se réaliser plus vite qu’on ne l’avait pensé. La première année scolaire, qui vient de finir, a eu un succès qu’on n’osait pas attendre ; outre les Irlandais, l’Université Catholique a vu dans son sein des Anglais, des Écossais et des Français. Toutes les classes de la société y ont été représentées, depuis la pairie jusqu’aux humbles scholars. Nous faisons les vœux les plus ardents pour que cette grande œuvre atteigne le but que se sont proposé les bons évêques d’Irlande en la créant. Nous lui souhaitons les succès de la nouvelle Université de Louvain, qui continue avec tant d’éclat la gloire de sa devancière. — Quand le clergé, en France, aura-t-il son Université catholique ?

2o Le Parlement a aboli, cette année (1856), les serments qui fermaient aux Catholiques les portes de l’Université d’Oxford. A la première vue, cet acte semble consacrer une grande liberté de plus ; mais, qu’on ne s’y trompe pas, dans le fait, l’accès de l’Alma Mater sera interdit comme auparavant à tout vrai Catholique. Car l’acte du Parlement ne changera rien à l’enseignement, aux pratiques et aux usages traditionnels des colléges académiques : l’atmosphère restera la même, elle sera anglicane. On peut juger de ce qui aura lieu à Oxford par ce qui se passe à Cambridge. Ici, en effet, tous les jeunes Catholiques qui désirent suivre les cours de l’Université sont absolument soumis aux mêmes règlements que les Protestants : ils doivent assister aux mêmes exercices religieux, entendre prêcher constamment une doctrine hérétique, faire depuis le matin jusqu’au soir des actes contraires à leur croyance.

Quel est, après cela, le Catholique, digne de ce nom, qui oserait envoyer son fils à l’Université d’Oxford ? Recevoir l’enseignement, à de pareilles conditions, n’est-ce pas apostasier ?

Au reste, bien des personnes ont une fausse idée des écoles mixtes du Royaume-Uni. On croit généralement, que parce qu’une école ouvre ses portes à tout le monde sans exception, l’enseignement religieux qui y est donné est tel qu’il puisse s’accommoder à toutes les croyances ; cela est une erreur. Pratiquement, chaque école a ses principes religieux qu’elle tâche d’inculquer à son auditoire. Si l’école mixte est créée par l’État, elle est tout à fait anglicane ; si elle appartient aux Wesleyens, elle enseigne le Méthodisme ; si elle doit sa fondation aux Anabaptistes, elle prêche les doctrines des Anabaptistes, et ainsi de toutes les autres.

C’est ne pas connaître l’esprit des sectaires, c’est surtout ne pas connaître le caractère anglais, que de supposer qu’il puisse en être autrement. L’Université de Londres, créée seulement depuis quelques années, semble faire exception : là, l’enseignement religieux est purement négatif. Mais pour bien apprécier cet état de choses, il faut tenir compte de deux observations qui diminuent infiniment l’importance que quelques hommes, à un point de vue très-dangereux, voudraient attribuer à l’existence de cette Université.

La première de ces observations est relative aux colléges annexés. Ces colléges, en effet, ont le droit d’élever chez eux les jeunes gens qui vont plus tard se présenter à Londres pour prendre leurs grades. Ils peuvent donc donner l’enseignement religieux qui leur convient, sans que l’Université ait rien à y voir. Le magnifique collége catholique d’Oscott est dans ce cas.

La seconde observation est relative à l’Université de Londres elle-même. L’enseignement religieux de cette université est purement négatif, c’est vrai ; mais c’est aussi un fait de notoriété publique, que les Protestants, qui ont une croyance définie, ne permettent pas à leurs enfants d’aller suivre des cours dont les professeurs peuvent impunément enseigner des doctrines antichrétiennes. Ces cours ne sont fréquentés que par des jeunes gens dont les parents vivent dans une complète indifférence en matière de religion.

B

« A Oxford, ce qu’il y a de plus rare, C’est un bâtiment qui ne soit pas historique. Toutes ces longues murailles entrecoupées de tourelles, ces toits surmontés de dômes, ces porches en ogives, ce sont des rois et des reines, des cardinaux, des ministres ou des princes qui les ont bâtis : on dirait que les simples bourgeois ont été bannis lors de la construction de la ville savante. Le voyageur est comme étourdi des grands noms que lui redit son guide, en le promenant à travers tous les magnifiques colléges. A celui de Sainte-Madeleine (car la protestante Université d’Oxford a conservé toutes les anciennes dénominations catholiques de colléges de Tous saints, de Toutes âmes ; de Corpus Christi, etc., etc.), on vous montre le tombeau du fondateur Waynflete, chancelier du malheureux Henri VI. Au Queen’s college, on vous cite Robert d’Eglesfield, confesseur de la reine Philippa d’Espagne, femme d’Édouard III. A University college, c’est Alfred, roi troubadour et guerrier, qui le premier rassembla dans ce lieu quelques enfants de la harpe et de la science.

» Plus loin, à Oriel college, vous entendez le nom d’Edward II. Balliol college redit celui de son fondateur, Jean Balliol, père de Balliol, roi d’Écosse.

» Puis vous entendez citer les patrons, les saints de la réformation protestante, le chaste Henri VII, la vierge-reine Elisabeth et le cardinal Wolsey.

» Dans ces vastes et nobles colléges, les chapelles attirent toujours l’attention des voyageurs ; c’est la partie la plus soignée. Pas une pierre ne manque à leurs voûtes, pas une feuille à leurs corniches ; les statues mêmes de ces saints que l’on n’y vénère plus sont réparées avec un soin extrême. Nous avons remarqué des têtes nouvelles remises sur les corps de sainte Ursule et de sainte Brigitte. En vérité, si, comme je le crois, le Catholicisme rentre un jour dans ses vieilles églises d’Angleterre, il n’aura à y rapporter que des tabernacles et des confessionnaux…

» Parmi les édifices sacrés de l’Université, l’église de New college est ce qu’il y a de plus cité : c’est là que nous avons admiré de beaux vitraux… On nous a montré dans le sanctuaire de cette chapelle la crosse de Wikeham, évêque de Winchester. Ce bâton pastoral est en vermeil et orné de pierres précieuses incrustées, et a sept pieds de haut ; il porte dans sa partie recourbée la figure du saint fondateur du collége. Il me semble que cette crosse doit faire un singulier effet entre les mains d’un évêque protestant.

» A Jesus college, on fait voir aux visiteurs une montre qui a appartenu à Charles Ier. Qui n’aurait cru autrefois que la montre d’un roi ne devait lui indiquer que des heures heureuses !… Et cependant cette montre lui a fait voir le 29 janvier 1648, sa dernière heure, celle de son exécution !

» Ce collége a conservé aussi un énorme étrier qui servait jadis à Elisabeth, et un bol en vermeil qui contient dix gallons et pèse 278 onces…

» Dans différents endroits nous avons vu de ces vases énormes où les Anglais aiment à faire brûler le punch pour leurs grands jours de fête et de réjouissance.

» Au musée Ashmoléen (the Ashmolean museum) fondé par Elias Ashmole, et bâti par sir Christopher Wren, il y a une foule de choses curieuses que bien des gens appellent vieilleries, entre autres :

» Un amulette, jadis porté par Alfred le Grand ; d’un côté est la figure de saint Cuthbert, et de l’autre une fleur grossièrement taillée. Les ornements sont d’or, et sur une plaque on lit en lettres saxonnes : « Alfred m’a fait faire. »

» L’épée offerte par Léon X à Henri VIII !… Le livre qui explique toutes ces curiosités dit que ce qu’il y a de plus curieux dans cette épée, c’est la poignée qui est de cristal et d’argent. Ce qui nous a semblé le plus curieux, à nous, c’est de voir cette épée donnée au défenseur de la foi par les mains d’un pape, précieusement conservée par le prince apostat !

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» Le collége de la Trinité possède un magnifique calice en vermeil, jadis de l’abbaye de Saint-Alban…

» Le collége de Christ-Church déploie une belle façade de plus de quatre cents pieds ; la porte principale, flanquée de quatre tourelles, est surmontée d’une haute tour terminée en dôme. C’est au fameux Christopher Wren que l’on doit la régularité et la majesté de ce monument. La grande salle ou le réfectoire, l’escalier, le vestibule, sa voûte surtout, sont très-remarquables.

» Le réfectoire a 115 pieds de long, 40 de large et 50 de haut. Comme l’honneur de recevoir les rois d’Angleterre appartient à Christ-Church college, cette vaste salle a bien des fois reçu des convives couronnés : Henri VIII, en 1533 ; la reine-vierge, en 1566 ; Jacques Ier le bel esprit, en 1591, et, plus tard, son infortuné fils.

» En 1814, on vit sous ces nobles voûtes une bien illustre assemblée : George IV, alors prince régent ; Alexandre, empereur de toutes les Russies ; François, empereur d’Allemagne et roi des Romains ; Guillaume, roi de Prusse ; le feu duc d’York, la grande duchesse d’Oldenbourg… Oxford se souvient avec fierté de cette visite, de cet hommage rendu aux muses par des empereurs et des rois qui s’honorèrent de recevoir des diplômes de membres de son Université…

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» Dans la chapelle de Christ-Church college, on montre la châsse de sainte Frideswide ; elle est surmontée d’un dais de pierre à petits pinacles gothiques d’un travail précieux…

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» Les dix-neuf colléges réunis de l’Université, et les cinq halls comptent près de cinq mille étudiants…

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» Dans cette Angleterre, que certaines gens nous citent sans cesse comme la terre classique de la liberté, les étudiants des Universités ne sont pas indistinctement confondus. Nous avons vu dans les réfectoires des places privilégiées pour les jeunes nobles (sons of noblemen). Le fils d’un noble, d’un homme titré a deux habits : celui des grands jours est de soie violette damassée, richement orné de galons d’or ; celui des jours ordinaires est une toge de soie noire.

» Après ces fils d’hommes titrés viennent les gentlemen commoners, qui ont deux toges de soie : l’une unie, et l’autre chargée de glands de soie noire.

» Les simples commoners ont la toge en laine et sans manches. Les nobles ont la toque de velours avec le gland d’or ; les gentlemen, en velours, mais avec un gland de soie, et les commoners, en drap noir avec une touffe de soie…

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» Le premier dignitaire de l’Université est le chancelier ; on a toujours soin de le choisir dans les hauts rangs de la Société ; il faut qu’il ait été élevé à Oxford, car on veut que ce protecteur aime l’Université avec tous les souvenirs de son jeune âge.

» Le vice-chancelier, nommé par le chancelier, est tenu à résidence ; c’est lui qui, de concert avec quatre pro-vice-chanceliers, surveille tous les colléges et les halls, y maintient la discipline et l’observance des anciens statuts…

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» La bibliothèque Bodleyenne[92] fondée par sir Thomas Bodley, est la plus riche et la plus remarquable de toutes les bibliothèques des différents colléges d’Oxford. Tout membre gradué a droit d’y venir étudier. On y voit un grand nombre de manuscrits orientaux : elle compte 430,000 volumes…

[92] En parcourant cette belle bibliothèque, l’année dernière, nous n’avons pas été peu surpris de voir parmi les nombreux portraits dont elle est ornée, celui d’un prêtre catholique en surplis. Notre étonnement a cessé, lorsque nous avons lu sur le catalogue le nom du personnage que cette toile représente ; c’est le père Le Courayer, si tristement célèbre. Il doit l’honneur de se trouver dans une place si étrange à son ouvrage, intitulé : Dissertations sur la validité des ordinations anglicanes.

» Je vous ai parlé du chancelier…; mais il faut que je vous cite encore une autre charge que les temps auraient pu supprimer, et que l’Université a conservée, celle de barbier ou tonsor. Le barbier est encore un personnage, les dignitaires lui doivent les égards de la fraternité, et lui donnent à souper une fois par an dans les grands appartements. Il ne frise ni ne poudre plus, il rase rarement ; mais il n’en est pas moins incorporé et immatriculé. » Lettres sur l’Angleterre, par M. le vicomte Walsh, 1829. Lettre X.)

C

Le Prayer-Book (livre de prières) est un recueil qui renferme les prières du matin et du soir, le service de la Cène, les règles liturgiques pour le Baptême, la Confirmation et le Mariage, un catéchisme anglican et les XXXIX Articles. C’est sous Charles II que l’usage de ce livre, dans sa forme actuelle, fut ordonné par la Convocation (grand conseil ecclésiastique). Le Parlement l’a enregistré dans ses actes. Aux yeux des Anglicans purs, le Prayer-Book est une autorité, c’est l’enseignement même de l’Église ; mais les esprits qui sont conséquents avec le principe du jugement privé demandent sur quoi l’on s’appuie pour donner une si grande valeur à ce livre. Les questions que ceux-ci soulèvent sur ce point ne sont pas faciles à résoudre ; disons mieux, elles sont insolubles (Voy. la lettre de Froude à M. Kèble) ; et le Prayer-Book comme la Bible elle-même, est un livre que chacun interprète à sa façon.

D

Les Halls (salles) jouissent des mêmes priviléges que les colléges ; mais ces établissements ne sont pas incorporés à l’Université. Chacun d’eux vit sous l’administration particulière d’un principal. De ces anciennes et nombreuses maisons, il n’en reste plus que cinq, savoir :

1o Hall de Saint-Edmond (St. Edmond Hall). Elle tire son nom de saint Edmond, archevêque de Cantorbéry, qui vivait sous le règne de Henri III, au XIIIe siècle.

2o Hall de Sainte-Marie (St. Mary Hall), bâtie en 1333, par Édouard II.

3o Hall du Nouvel Hôtel (New Inn Hall), bâtie en 1349, par Jean Trilleck, évêque d’Hereford.

4o Hall de Saint-Alban (St. Alban’s Hall), érigée sous le règne du roi Jean. Elle tire son nom de Robert de Saint-Alban, qui probablement la fit bâtir pour en faire son habitation.

5o Hall de la Madeleine (Magdalen Hall). Le bâtiment qui porte aujourd’hui ce nom a été construit en 1820. L’ancienne Hall du même nom se trouvait à côté du beau collége de la Madeleine. Il a fallu un acte du Parlement pour pouvoir opérer le transfert.

E

Le Monument, à Londres, est une colonne dorique, élevée en 1671, par ordre du Parlement, en mémoire de l’incendie de 1666, qui consuma presque toute la Cité. Cette colonne a 66 mètres de hauteur ; une balustrade entoure son chapiteau, et des flammes de cuivre brillent sur son sommet.

A l’époque où eut lieu l’incendie, la haine populaire attribua cette calamité aux Papistes. On prétendit qu’ils avaient voulu exterminer les Anglicans, rétablir le dogme catholique et plonger la nation dans la servitude. Une calomnie si révoltante fut gravée sur le piédestal du Monument, et elle y resta jusqu’en 1829, année de l’émancipation des Catholiques.

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