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Mélusine: Nouvelle édition, conforme à celle de 1478, revue et corrigée

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Comment Raimondin, par le conseil de la dame, alla à Poetiers.

Raymondin monta à chevau, et de fait la dame le mist au droit du chemin de Poetiers ; et se departist de la dame, et au departir Raimondin fut moult doulent : car il aimoit jà tant sa compaignie que bien eut tousjours voulu estre avec elle, pour ce que si bon conseil luy avoit donné de sa subtilité. Adoncques en pensant commença moult fort à chevauchier vers Poetiers, et la dame se retourne vers la fontaine où les aultres dames estoient et l’atendoient. Et icy l’istoire d’en parler s’en deporte.

Or dist l’istoire que Raimondin chevaucha tant qu’il fut à Poetiers, où il trouva pluiseurs qui estoient retournez de la chasse, les aucuns dès le soir, et les aultres dès le matin, qui luy demandèrent : Où est monseigneur ? Comme, dist Ramondin, n’est-il pas venu ? et ilz respondirent que non. Et il leur dit : Je ne le vis oncques puys que la forte chasse commença et le sanglier se commença à eslargier des chiens. Et ainsi qu’ilz parloient de cette matère entre eulx ensamble, commencèrent à venir les gens de la chasse, les ungz aprez les aultres, en demandant nouvelle du conte ; chascun disoit comme Raimondin. Et disoient aulcuns que oncques n’avoient veu si oultrageuse chasse, ne si merveilleux asne de sanglier estrange qui estoit passé hors de ses repaires. Adoncq chascun s’esmerveilloit de ce que le conte demouroit tant, et vindrent atendre à la porte pour sçavoir se il venoit, et furent grant temps en l’atendant, et venoient tousjours gens qui disoient comme les aultres, et que ilz estoient toute la nuyt esgarez parmy la forest sans sçavoir congnoissance ne voie. Adoncques ils s’esmerveillèrent moult grandement, et la contesse, qui estoit en la salle de Poetiers ; mais tantost furent mieulx couroucez, ainsi que vous oyrez cy aprez.

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