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Mélusine: Nouvelle édition, conforme à celle de 1478, revue et corrigée

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Comment le gayant s’enfouyt, et Geuffroy aprez, l’espée au poing.

Adoncques fut le gayant moult dolent quant il vit son levier par telle manière froyé et gesir sur la place, car il ne se osa baisser pour le prendre. Adoncques il sallist à Geuffroy, et luy donna ung si grant coup de poing sur le bassinet qu’il luy estourdist toute la teste ; mais il eut le poing tout enflé, et en tomba du grant coup. Et adoncques Geuffroy le ferist de l’espée sur la cuisse, par telle manière qu’il luy abbatit demi piet ou braon. Adoncques quant le gayant vit ce, il se recula ung peu contre mont, et puys tourna le dos et s’enfouyt contre mont sur la montaigne, et Geuffroy aprez, l’espée au poing ; mais quant ledit gayant vint à la montaigne, il trouva ung pertuys, et tantost se lança dedens ; de quoy Geuffroy s’esmerveilla moult comment il fut si tost en bas. Adoncques il vint au pertuys et bouta sa teste dedens, et luy sambla que ce fut le tueau de une cheminée. Adoncques il retourna à son chevau, et prinst la lance, et monta sur son chevau, et devalla la montaigne, et vint à ses gens et aux deux chevaliers, qui eurent moult grant merveille quant ilz le virent retourner sain et sauf ; et y estoit jà venu grant multitude des gens du pays, qui luy demandèrent s’il avoit veu le gayant. Et il leur dist que il l’avoit combattu, et qu’il s’en estoit fouy et bouté en ung pertuys ; et si tost envanuy qu’il ne sçavoit qu’il estoit devenu. Et ilz luy demandèrent se il luy avoit point dit son nom, et Geuffroy dist que si avoit, et ceulx dient que c’estoit neant de le trouver, car il sçavoit bien que il devoit morir par la main de Geuffroy. Or ne vous doubtez, dist-il, car je sçay bien par où il est entré, et pourtant je le trouveray bien demain. Adoncques, quant ilz luy oyrent dire ceste parolle, ilz en eurent moult grant joye, et disdrent que Geuffroy estoit le plus vaillant chevalier du monde.

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