Islam saharien : $b chez ceux qui guettent (journal d'un témoin)
XXI
17 octobre.
Bon ! Maintenant, après le vent, la pluie diluvienne, saharienne, qui va gâter ma tonnelle et raviner les jardins — sans compter le dommage causé aux dattes mûres.
De plus en plus je vois gris, très gris — très noir, même. Je me suis donné ici, de cet état, des raisons stupides. Et la vraie raison, je l’ai tue. Et son poids m’étouffe… Je ne puis plus… Je songe trop que ma cheville, dans cinq ou six jours, sortira de sa gaine, peut-être guérie… peut-être estropiée. Angoisse qui me jette à des crises douloureuses, des transes, des affres dont j’évitai jusqu’ici de sonder la tristesse… Mais le temps désespérant pénètre au fond de mon vouloir. Comme aux mauvais premiers jours de fièvre, je me sens tel une épave, une pauvre épave compromise, abandonnée des hommes…
Boiteux, béquillard — la vie ne vaudrait plus la peine d’être vécue…
C’est donc bientôt la loterie de mon espérance, de ma future existence, de ma part de bonheur humain. J’ai peur, anxieusement peur de « savoir » — et, dans cinq ou six jours, je « saurai ».