Islam saharien : $b chez ceux qui guettent (journal d'un témoin)
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OUERD OU DIKHR DES SNOUSSIA
La variété du dikhr ou chapelet est grande d’une confrérie à l’autre, surtout dans les nombres. Certaines confréries préfèrent le rythme par 100. D’autres comptent par 70 et par 30, ce qui fait 100 tout de même. Il y a des dikhr par 7 ; et certains sont très variés, le long d’un même ouerd.
D’autre part, cette prière du dikhr est tantôt modulée en chant, comme chez les Khadrïa, tantôt récitée « par les lèvres du cœur », c’est-à-dire à la muette, comme chez les Tidjanïa et les Snoussïa dont les doctrines offrent une grande ressemblance, malgré leur rivalité grinchue.
Le dikhr se récite agenouillé dans beaucoup d’ordres ; en quelques-uns les mains levées, en plusieurs les mains tombantes. Chez les Snoussïa, le dikhr s’accompagne de postures variées selon l’heure. Le soir et à l’aube, le fidèle peut rester couché, allongé sur le flanc droit, la tête appuyée dans la main droite, tandis que la main gauche égrène le chapelet. Alors il dit rapidement (car la hâte des phrases aide l’approche céleste) :
100 fois : J’ai recours à Dieu !
100 fois : Il n’y a de Dieu que Dieu !
100 fois : O mon Dieu, répands tes grâces sur Notre-Seigneur Mohammed, le Prophète Illettré[48], ton envoyé, et sur tous les siens, et accorde-leur la paix !
[48] Il est admis, surtout chez les nomades, que Mahomet ne savait pas lire. Car un jour l’ange Gabriel lui dit : « Lis ! » et il répondit : « Sidi, comment ferai-je ? »
40 fois : O mon Dieu, bénis-moi au moment de la mort et dans les épreuves qui suivent la mort.
100 fois de nouveau : J’ai recours à Dieu !
7 fois : Que Dieu soit glorifié !
7 fois : Dieu est grand !
30 fois : Il n’y a de puissance qu’en Dieu, l’élevé, l’impondérable.
Puis vient ensuite l’oudifa ou prière, ardemment mystique :
Que Dieu répande ses bénédictions, en quantité aussi incommensurable que l’horizon de son divin amour…