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Islam saharien : $b chez ceux qui guettent (journal d'un témoin)

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XXX

4 novembre.

Et cette mort est gaie souvent — voire bouffonne et pantalonnesque.

Je me souviens qu’un jour, ou plutôt une nuit, Barka et Bachir voulurent me faire connaître la « danse des hommes ».

— Ya Sidi, ne le dis pas à Si-Kaddour…

Alors ils se glissèrent dans mon appartement, sept ou huit fidèles serviteurs et disciples, des « blancs » en majorité. La danse interdite, mystérieusement ils la dansèrent. Ils la dansèrent, ainsi qu’ils la miment presque chaque soir, en se cachant, à la muette, sous la faible lueur suspendue de ma lampe — chorégraphie équivoque, bras qui s’arrondissaient comme des bras de femme, faisant signe au désir. Réellement, pour un Roumi non pervers, ce ne semblait point très séducteur. Plutôt terne, avec l’attente de je ne sais quoi qui vint enfin : le spasme de ces gens, brutal, parmi des rires, des cris étouffés. Et c’était l’extase encore — l’extase exhilarante et malsaine de paillasses et de pitres — toute une parade de foire, gloussante et titubante, abrutie de joie par l’invocation à Sidi-Bou-Saad-ed-Djazerti, le Vénéré, le Sublime.

Pauvre Sidi-Bou-Saad. Dans sa grotte, paraît-il, il répétait un verset de préférence à tant d’autres :

« Celui de vous qui gardera sa pureté sera béni… »

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