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Islam saharien : $b chez ceux qui guettent (journal d'un témoin)

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BAKKAIA

Nous avons ici une confrérie tout à fait saharienne, de Sahara central même, dont le territoire d’action fut, depuis trois siècles, les vastes espaces qui s’étendent du Gourara et du Touat à Tombouktou, sur des sujets de races variées, Arabes, Peuhls ou Touareg. Les Bakkaïa possèdent des zaouïas dans la région d’Adrar ; ils en ont trois à In-Salah, point principal du Tidikelt. Leurs doctrines sont beaucoup moins guerrières que celles des Derkaoua ; elles se rapprochent même de la douceur des théories khadriennes, dont elles dérivent théologiquement. L’extase chez eux est simpliste, et les jongleries n’y sont pas rares : puérilités si bien assorties aux tendances de races enfantines quoique rudes — ou parce que rudes. Petits moyens qui peuvent donner de grands résultats variés, selon que les Bakkaïa manœuvreront ou ne manœuvreront pas contre nous.

Les Bakkaïa ont eu pour premier maître le cheikh Sidi-Omar-ben-Sid’Ahmed-el-Bakkaï, lequel leur enseigna un dikhr où chaque prière est par 33, et qui s’accompagne de nombreuses génuflexions triples (l’une en face pour Dieu, celle de droite pour les anges « de la droite », celle de gauche pour les anges « de la gauche »). Le cheikh El-Bakkaï leur avait donné aussi cette oudifa :

O mon Dieu, nous te louons ! Tu es grand ! Tu répands tes grâces ! Compte-nous parmi ceux qui suivent la bonne voie, et tiens-nous loin des dévoyés !

Les « dévoyés », ce sont les Infidèles, ce sont les Roumis chrétiens. Cela se récitait en 1552, du temps du cheikh El-Bakkaï — cela se récite encore aujourd’hui, et d’autant mieux et d’autant plus fort qu’un drapeau bleu, blanc et rouge flotte sur les casbahs du Touat, un étendard impur dont les couleurs ne sont pas celles du Prophète…

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