L'esprit dans l'histoire: Recherches et curiosités sur les mots historiques
Les femmes, pendant ce règne, ont eu leur part de bons mots; elles ont, elles aussi, mis en circulation leur menue monnaie d'esprit courant, monnaie fort bien frappée, je vous jure. Je ne vous parlerai que des mots qui sont de bonne fabrique, de marque certaine.
Je passerai par conséquent sur celui qu'on prête à madame de Maintenon, au lit de mort de Louis XIV[508], parole indigne acceptée par Saint-Simon[509] avec une complaisance méchante, mais que M. de Monmerqué a très logiquement réfutée[510].
[508] Le roi, au milieu des derniers adieux, lui aurait dit: «Nous nous reverrons bientôt,» et la marquise aurait murmuré en se retournant: «Voyez le beau rendez-vous qu'il me donne, cet homme-là n'a jamais aimé que lui-même.» Est-ce possible?
[509] Mémoires, édit. Delloye, t. XXIV, p. 39.
[510] Notice sur madame de Maintenon, en tête des Conversations morales inédites, p. LXVI.—V. dans les extraits du Journal de Dangeau donnés par Voltaire (p. 162-163), les véritables paroles de Louis XIV à la marquise.—Médire de madame de Maintenon est un lieu commun dont tout le monde veut se passer l'envie. Il y a quelques années, un billet de six lignes, où une femme s'offre à vendre pour vingt mille écus, billet dont le titre surchargé porte le nom de madame de Maintenon, fut découvert à l'Arsenal, dans les Manuscrits de Conrart (t. IX, p. 151), et trois ou quatre érudits se hâtèrent de le publier, croyant en avoir la primeur. Il avait été publié depuis quatre ou cinq ans déjà par MM. de Goncourt, et le charme de l'inédit n'existait par conséquent plus pour lui. C'était le seul qu'il pût avoir, car il est outrageusement faux. M. L. Lalanne a pris la peine de le prouver (Correspondance littér., 20 fév. 1859, p. 130), et M. Chéruel s'est donné le même soin (Mémoires sur Fouquet, 1862, in-8º, t. I, p. 448); il suffisait pour s'en convaincre de rapprocher ces six lignes, indécemment indiscrètes, de la vie si continuellement réservée de madame de Maintenon, et de les confronter avec ses autres lettres, avec ses autres écrits, notamment ses Conversations, où, dans un passage, elle parle justement du danger des correspondances, «des cassettes trouvées, etc.» (Conversations morales inédites, publiées par M. de Monmerqué, 1828, in-12, p. 71.)—Dans la Journée des Madrigaux, réimpression d'ailleurs charmante et faite avec soin, l'on a publié, toujours d'après les inépuisables Manuscrits de Conrart, un madrigal adressé par mademoiselle de Maintenon à Villarceaux, avec la réponse de celui-ci, et l'on a voulu y voir une preuve décisive des relations galantes de l'ami de Ninon avec Françoise d'Aubigné. On avait oublié que la veuve Scarron ne s'appela madame (et non pas mademoiselle) de Maintenon (V. sa Lettre à madame de Coulanges), qu'en février 1675, c'est-à-dire lorsqu'elle avait quarante ans, et lorsque Villarceaux en avait cinquante-six, ce qui n'est plus guère l'âge d'envoyer des galants (faveurs) et de courir la bague, choses dont il est question dans le madrigal et dans la réponse. De qui donc alors s'agit-il ici? Du fils de Villarceaux, qui fut tué à Fleurus, en 1690, et de la jeune sœur de Charles-François d'Angennes, marquis de Maintenon, le même qui vendit sa terre et son titre à Françoise d'Aubigné, à la fin de 1674.—Je voudrais bien aussi que, d'après Saint-Simon (édit. Chéruel, in-12, t. VII, p. 43), l'on n'accusât plus madame de Maintenon d'avoir inspiré à Louis XIV l'idée de révoquer l'édit de Nantes. Au mois de mars 1665, c'est-à-dire quatre ans avant que la veuve Scarron eût été attachée à l'éducation des enfants de madame de Montespan, et fût ainsi entrée en relation, même très indirecte, avec le roi, cette révocation était déjà dans les projets de Louis XIV (V. une Lettre de Gui Patin à Spon, 3 mars 1665, et aussi, surtout, les Mémoires inédits de l'abbé Legendre, dans le Magasin de librairie, t. V, p. 115). Voltaire avait sur ce point protesté le premier et très justement. «Pourquoi dites-vous, avait-il écrit à Formey, le 17 janvier 1753, que madame de Maintenon eut beaucoup de part à la révocation de l'édit de Nantes? Elle toléra cette persécution, comme elle toléra celle du cardinal de Noailles, celle de Racine; mais certainement elle n'y eut aucune part, c'est un fait certain. Elle n'osait jamais contredire Louis XIV.»
Je vous citerai en revanche quelques-uns des mots de madame Cornuel, cette bonne langue, qui trouvait si bien le trait juste à décocher sur chaque ridicule, la formule précise, l'expression nette et saillante pour chaque pensée. C'est d'elle, et non pas de madame de Sévigné, comme on l'a dit souvent, que nous vient ce mot si bien fait au sujet des généraux qui avaient pris le commandement après le héros tué à Saltzbach, et qui, à dix qu'ils étaient, ne remplaçaient pas ce seul homme: elle les appelait la monnoie de M. de Turenne. La première aussi, selon mademoiselle Aïssé[511], elle a dit cette phrase si vraie et qui a fait fortune: Il n'y a pas de héros pour son valet de chambre.
[511] Lettres, édit. J. Ravenel, E. Dentu, 1853, p. 161.—Madame Cornuel n'avait d'ailleurs fait que se souvenir ici de cette phrase de Montaigne: «Peu d'hommes ont esté admirez par leurs domestiques.» (Essais, livre III, chap. II.)
Ne trouvez-vous pas que ce mot-là ferait merveille dans une lettre de madame de Sévigné, et qu'à tout prendre, puisqu'on voulait lui prêter quelque chose, on eût mieux fait de le lui attribuer que celui-ci: Racine passera comme le café, qu'on a toujours mis sur son compte et toujours répété avec une raillerie pour la charmante femme, bien que, Dieu merci! elle n'en soit pas coupable?
C'est toute une histoire. M. de Monmerqué, M. de Saint-Surin, l'ont débrouillée les premiers; M. Aubenas est venu ensuite[512], puis enfin M. Géruzez, qui, dans ses nouveaux Essais d'histoire littéraire, en a donné le résumé suivant, trop spirituel et trop exact pour que nous ne nous contentions pas de le citer:
[512] Il ne faut pas oublier non plus une ingénieuse note de M. J. Taschereau, dans la Revue rétrospective, t. Ier, p. 126-127, à propos d'une Notice sur madame de Sévigné, par Mirabeau, dans laquelle l'erreur commune se trouve reproduite.
«Comment se fait-il que l'arrêt en question soit devenu proverbe?.... Le premier coupable est Voltaire, et La Harpe a consommé le crime. Madame de Sévigné avait dit, en 1672[513]: «Racine fait des comédies pour la Champmeslé; ce n'est pas pour les siècles à venir. Si jamais il cesse d'être amoureux, ce ne sera plus la même chose. Vive donc notre vieil ami Corneille!» Quatre ans après[514], elle écrivait à sa fille: «Vous voilà donc bien revenue du café; mademoiselle de Méri l'a aussi chassé. Après de telles disgrâces, peut-on compter sur la fortune?» Il y avait quatre-vingts ans que ces deux petites phrases reposaient à distance respectueuse, chacune à sa place, et dans son entourage, qui se modifia lorsque Voltaire s'avisa de les rapprocher en les altérant: «Madame de Sévigné croit toujours que Racine n'ira pas loin; elle en jugeait comme du café, dont elle disait qu'on se désabuserait bientôt.» Sur ce texte, La Harpe composa alors la phrase sacramentelle: Racine passera comme le café. Il la porte tout simplement au compte de madame de Sévigné. M. Suard l'adopte, et les moutons de Panurge viennent ensuite. C'est ainsi que s'est composé ce petit mensonge historique, qui sera longtemps encore une vérité pour bien des gens. Cependant madame de Sévigné a loué Racine avec enthousiasme[515], et M. Aubenas nous fait remarquer que nous lui devons probablement l'usage du café au lait[516].»
[513] Lettre du 16 mars. Il n'est pas indifférent de préciser les dates que M. Géruzez a oublié de donner.
[514] Lettre du 10 mai 1676.
[515] Lettre du 20 février 1689.
[516] Lettre du 29 janvier 1690.
Voilà qui est concluant. Je n'aurais rien à ajouter si M. Géruzez n'eût oublié un petit détail qui n'amoindrit pas l'erreur, mais qui la déplace un peu. Ce n'est pas La Harpe, mais Voltaire, qui fut le vrai coupable; c'est lui qui fit entre les deux lettres de madame de Sévigné, si étonnées du rapprochement, la liaison dangereuse signalée tout à l'heure. La Harpe ne composa donc pas la phrase sacramentelle. Il la prit toute faite dans ce passage de la lettre de Voltaire à l'Académie, qui sert de préface à son Irène: «Nous avons été indignés contre madame de Sévigné, qui écrivait si bien et qui jugeait si mal.... Nous sommes révoltés de cet esprit misérable de parti, de cette aveugle prévention qui lui fait dire: La mode d'aimer Racine passera comme la mode du café[517].»
[517] A propos du café, il est bon de rappeler, mais pour y rétablir aussi la vérité, ce que fit le chevalier Des Clieux, quand il transporta, par ordre du Régent, à la Martinique, deux caféiers venus de Hollande au Jardin du Roi. Il est bien vrai que dans le voyage il se priva de sa ration d'eau pour les conserver, mais il n'est pas vrai que ce fussent les premiers plants apportés dans nos colonies. Bien auparavant, l'agent de la Compagnie orientale, Imbert, avait transporté du golfe Persique à l'île Bourbon soixante plants qu'il avait obtenus du cheick de l'Yemen. La plupart réussirent, et la Compagnie put, en 1710, distribuer aux colons des gousses en pleine maturité. Telle est l'origine du café Bourbon, qui, en raison de sa provenance directe, a plus de ressemblance que les autres avec le moka. V. une citation des Mémoires mss. de M. Hardancourt, directeur de la Compagnie des Indes, dans l'Hist. de la Régence, par Lemontey, t. II, p. 325.—On a souvent appliqué à la légende du Cèdre du Jardin des Plantes le détail de la ration d'eau donnée aux caféiers de Des Clieux; il faut l'en retrancher, comme presque tout le reste, y compris même le fameux chapeau, qui aurait servi de caisse au cèdre pendant la traversée. On a su par M. F. Roulin, qui le tenait du dernier des Jussieu, que si le grand-père de celui-ci dut en effet recueillir le plant du cèdre dans son chapeau, ce ne fut que pendant quelques minutes. Il le portait de la rue des Bernardins au Jardin du Roi, le pot fêlé se brisa en route, et le cèdre n'eut alors que le chapeau du savant pour refuge. (F. Roulin, Hist. naturelle, etc., 1865, in-18, p. 260.)
Je crois, après cela, qu'il n'y a plus qu'à retourner contre Voltaire lui-même cette vertueuse indignation, puis à passer à autre chose.
L'aimable marquise, si bien justifiée ici d'une faute contre le goût, trouve ailleurs un défenseur éloquent dans M. Walckenaër, au sujet de la boutade au moins étrange qu'on lui prête dans l'anecdote que voici: «Elle avait signé le contrat de mariage de sa fille avec le comte de Grignan. Lorsqu'elle compta la dot, qui était considérable: «Quoi! s'écria-t-elle, faut-il tant d'argent pour obliger M. de Grignan de coucher avec ma fille?» Après avoir un peu réfléchi, elle se reprit en disant: «Il y couchera demain, après-demain, toutes les nuits; ce n'est pas trop d'argent pour cela.»
«C'est là, dit M. Walckenaër, un propos de mauvais goût, de mauvais ton, qui ne s'appuie sur rien, qui n'a paru que dans de détestables Ana.» Et il gourmande vertement M. de Saint-Surin de l'avoir admis dans sa notice, d'ailleurs excellente[518].
[518] Mémoires sur madame de Sévigné, t. III, p. 452.—Les opinions qu'on se fait par les livres tiennent encore à moins que cela quelquefois. Il suffit d'une faute d'impression, même d'une faute de ponctuation, pour pervertir complètement un mot connu et faire dire à la personne à qui on le prête le contraire de ce qu'elle a dit. On lit dans la première édition du Segraisiana, p. 28: «Madame de La Fayette, disoit M. de La Rochefoucauld, m'a donné de l'esprit, mais j'ai réformé son cœur.» C'est le plus gros contre sens dont les points et virgules se soient rendus coupables. Voici ce qu'il faut lire, en ponctuant et guillemettant autrement: «Madame de La Fayette disoit: «M. de La Rochefoucauld m'a donné de l'esprit, mais j'ai réformé son cœur.»—Ces anecdotes littéraires m'amènent à dire un mot de celle qui court depuis l'abbé Prévost, qui l'a, je crois, racontée le premier (Le Pour et le Contre, t. V, p. 74), au sujet du Glossaire de Ducange, dont il n'y aurait eu d'autre manuscrit qu'une masse énorme de petits papiers pêle-mêle dans une grande malle. La découverte qu'on a faite il y a quelques années du manuscrit original, à la Bibliothèque nationale, prouve la fausseté du fait. (Édélestand du Méril, Mélanges archéologiques, p. 278.)
Il est très bien de mettre à néant ces sortes de calomnies courantes, et je sais fort bon gré, par exemple, à M. Paulin Paris d'avoir pris de même à partie le fameux mot de Lauzun à la grande Mademoiselle: Louise d'Orléans, tire-moi mes bottes, et d'avoir prouvé qu'il est absurdement faux[519].
[519] Édit. de Tallemant des Réaux, t. II, p. 227-234.
Il ne faut qu'un de ces mots-là pour décrier une société. Montrer leur sottise et leur fausseté, c'est rendre service à toute une époque.
Or, quelle autre mieux que celle-ci, le grand règne, mérite qu'on la remette en son vrai jour? Il y a eu, jusqu'à présent, si peu de justesse et de justice dans les jugements qu'on en a porté?
La bourgeoisie et le peuple ont Louis XIV en haine, et la noblesse le déifie. C'est une bien étrange interversion de rôles, d'adoration et de haine! Tous les éloges pour le grand roi devraient venir de la bourgeoisie et du peuple, et la noblesse seule devrait se réserver contre lui les malédictions. Qui donc, après Richelieu, prit le mieux à tâche «d'imposer à toute les classes de la nation l'habitude de l'égalité civile»[520], et de niveler, pour ainsi dire, toute la France sous le sceptre? Ce fut Colbert, obéissant à Louis XIV. Qui donc, avec la plus vive ardeur pour le progrès et la plus grande puissance d'initiative, eut d'une façon plus évidente le pressentiment de l'avenir[521]? Colbert encore, sous les mêmes ordres. Jamais on ne sut mieux que ce roi et que ce ministre «diriger une réforme sans déchaîner une révolution»[522]; mais cela, pour ainsi dire, à l'insu de ceux que frappait cette réforme, et de ceux aussi qui en devaient recueillir le bienfait. La noblesse était trop abaissée dans son adulation pour avoir conscience de l'abaissement véritable que les mesures égalitaires de Louis XIV lui faisaient subir; tandis que, d'un autre côté, les besoins du peuple, sa soif de ces réformes, étaient déjà tels qu'il s'aperçut à peine de ce qui était tenté pour le satisfaire, et qu'il n'en tint compte ni au ministre, ni au roi. Il n'a pas fallu moins que la lumineuse impartialité de la critique moderne, tirant ses clartés des faits et de l'expérience d'une révolution par laquelle fut achevée l'œuvre de Colbert, pour bien faire voir quelle avait été cette œuvre, et quelle reconnaissance le peuple, qui la méconnaissait, doit en garder au grand administrateur. C'est seulement de nos jours, lorsque la Révolution les eut tranchées, qu'on a bien vu l'égalité des parts marquées par Colbert et que l'on a pu dire[523], envisageant ce ministre et son roi comme les précurseurs de 1789: «Ils auraient approuvé la plupart des innovations administratives d'une révolution qui, dans ses résultats politiques, fut la conséquence presque nécessaire, quoique fort imprévue, de leur système de gouvernement.
[520] L. de Carné, l'École administrative de Louis XIV, Revue des Deux-Mondes, 1er juillet 1857, p. 71.
[521] Id., ibid., p. 58.
[522] L. de Carné, ibid., p. 66.
[523] Id., ibid., p. 75.
«Cependant, ajoute, pour conclure, l'écrivain distingué auquel nous empruntons ce passage, et qui nous a guidé dans toute cette appréciation; cependant, par un contraste inexplicable, par l'esprit de contradiction le plus obstiné, il se trouve que les fils de ceux dont Louis XIV remplissait ses conseils le tiennent pour le représentant d'un état social dont ils abhorrent jusqu'au souvenir, tandis qu'il est devenu le modèle des princes et le type accompli de la royauté pour les gentilshommes, dont il avait abaissé l'importance jusqu'à le servir à sa table et à l'assister à sa toilette.»
A la fin du dernier siècle, Chamfort[524] trouvait beaucoup de justesse et de portée à ce mot de Voisenon[525]: «Henri IV fut un grand roi, Louis XIV fut le roi d'un beau règne.» Aujourd'hui l'on va plus loin: on trouve que Henri IV et Louis XIV furent deux grands rois. On confirme pour le dernier ce que Voltaire écrivait le 23 septembre 1752, à madame du Deffand: «C'était, avec ses défauts, un grand roi; son siècle est un très grand siècle.»
[524] Œuvres choisies, édit. A. Houssaye, p. 127.
[525] Œuvres, t. IV, p. 121.
Et du Régent, qu'en dirons-nous? Qu'il eut le tort de succéder trop gaiement à un règne trop grave, de trop détendre des affaires trop tendues. Lui et Dubois son ministre valurent mieux que leur réputation. Lemontey, qui n'était entré dans leur histoire qu'avec des intentions de critique, fut obligé de s'en départir en présence des faits qu'une étude sérieuse lui amena et qu'il eut la bonne foi de ne pas repousser. Pour lui, Dubois fut plutôt un travailleur qu'un débauché, un ambitieux plus qu'un corrompu[526].
[526] Lemontey, Histoire de la Régence, t. II, p. 87, note.
Quant au Régent, «ce fanfaron de crime[527]», il lui trouve une capacité des plus vastes, sans presque rien de futile, même dans les choses où on l'accuse de luxe frivole, comme l'achat du diamant qui garde son nom, et pour lequel il le justifie, en expliquant l'affaire par la politique. En payant deux millions, il acheta bien moins le diamant que Pitt son possesseur, et tout le parti que dirigeait à Londres ce beau-frère du ministre Stanhope[528].
[527] Le mot est de Louis XIV lui-même sur son neveu. «C'étoit, dit Saint-Simon qui le rapporte, tout surpris de ce grand coup de pinceau, c'étoit peindre M. le duc d'Orléans d'un seul trait, et dans la ressemblance la plus juste et la plus parfaite.» (Mém., édit. Hachette, in-12, t. VI, p. 268.)
[528] Lemontey, t. II, p. 108.—Il est curieux de rapprocher ce passage de Lemontey de celui de Saint-Simon sur le même objet, t. IX, p. 223. On y peut voir combien peu le dernier était vraiment au fait de ce qu'il raconte.
Ici, comme pour le reste de son administration, Lemontey ne trouve à reprocher au Régent que trop d'entraînement vers la politique anglaise, qui resta de tradition dans sa famille. Nous savons ce que fit Louis-Philippe, son arrière-petit-fils.