Voyage dans le nord du Brésil fait durant les années 1613 et 1614
De l’Oeconomie des Sauvages.
Chap. XXVI.
Pitacus disoit, ainsi que rapporte Strobee de luy, que cette famille est bien ordonnee, quand deux choses concurrent, sçavoir, qu’il n’y aye aucune superfluité, soit au vivre, soit au mesnage, & pareillement qu’il n’y aye aucune disette de ces choses : Et Ciceron rapporte du grand Caton, lequel interrogé quel mesnage luy sembloit le meilleur : c’est, respondit-il, où l’on donne competamment à manger, le vestir, & que le travail y soit chery. Il me semble que ces sentences soient plustost dites pour les Sauvages, & gens qui vivent frugalement, que pour aucune autre condition de personnes. Sainct Thomas definissant l’Oeconomie, conclud que ce n’est autre chose, qu’une bonne conduitte domestique, tendante à cette fin, que la famille soit accommodée de vivres, & autres choses necessaires, & specialement, que parmy cette famille soit entretenuë une bonne intelligence, chacun s’aquittant de ce à quoy il est employé. Monstrons cecy estre enseigné aux Sauvages, par la pure Nature, & non par aucune autre science aquise.
Les villages sont partis en quatre loges : sur lesquelles toutes commande un Mourouuichaue, pour le temporel, & un Pagy Ouassou, c’est à dire un Sorcier pour les maladies & enchanteries[96] : Chaque loge a son Principal. Ces quatres Principaux respondent au Principal de tout le village ; & luy avec les maistres Principaux des autres villages, respondent au Souverain Principal de toute la Province. Chaque
(Lacune d’une feuille.)