L'Histoire de France racontée par les Contemporains (Tome 2/4): Extraits des Chroniques, des Mémoires et des Documents originaux, avec des sommaires et des résumés chronologiques
LA PRISE DE CONSTANTINOPLE RACONTÉE PAR LES GRECS.
Mais parce que la reine des villes devait subir le joug de la servitude et que Dieu nous voulait retenir avec le frein et le mors, nous qui nous étions échappés de notre devoir, deux soldats qui étaient sur une échelle vis-à-vis du Pétrion, s'abandonnèrent à la fortune et se hasardèrent de sauter dans une tour, d'où ayant chassé la garnison, ils levèrent la main en signe de joie et de confiance pour animer leurs compagnons. A l'heure même, un cavalier nommé Pierre qui avait une taille de géant, dont le casque paraissait aussi grand qu'une tour, et qui semblait capable de mettre seul en fuite toute une armée, entra par la porte qui était au même endroit. Tout ce qu'il y avait de personnes de qualité autour de l'empereur, et à leur exemple toute l'armée, ne purent supporter la présence ni les regards de ce seul cavalier, et eurent recours à une fuite honteuse, comme à l'unique asile de leur lâcheté. Étant donc sortis par la porte Dorée, qui est du côté de terre, ils se retirèrent chacun où ils purent, et plût à Dieu qu'ils se fussent précipités au fond de l'enfer.
Les ennemis, ne trouvant plus de résistance, firent tout passer au fil de l'épée, sans distinction d'âge ni de sexe. Ne gardant plus de rang, et courant de tous côtés en désordre, ils remplirent la ville de terreur et de désespoir. Ayant mis le feu, sur le soir, au quartier qui est du côté d'orient, ils brûlèrent toutes les maisons qui étaient depuis le monastère d'Évergète jusqu'au quartier du Drungaire, et se campèrent auprès du monastère de Pantepopte, après avoir pillé la tente de l'empereur et avoir pris le palais de Blaquerne.
Murzuphle, courant par les rues, fit son possible pour rallier ses gens; mais comme ils étaient emportés par le tourbillon du désespoir, ils n'eurent point d'oreilles pour écouter ses ordres ni ses remontrances. Pour achever le récit de cette triste aventure, les habitants employèrent le reste du jour, et toute la nuit suivante, à serrer sous terre leurs richesses, et il y en avait quelques-uns qui étaient d'avis de s'enfuir.
Quand l'empereur vit que la peine qu'il prenait ne servait de rien, il eut peur d'être pris et d'être mis comme un excellent mets sur la table des Italiens, et s'étant enfermé dans le grand palais, il mit sur une barque Euphrosine, veuve de l'empereur Alexis, et sa fille Eudocie, de laquelle il était éperdument amoureux, et se retira lui-même, après avoir régné deux mois et seize jours.
Après son départ, deux jeunes princes fort sages et fort courageux, Théodore Ducas et Théodore Lascaris, disputèrent ensemble de la possession de l'empire comme d'un vaisseau battu par la tempête et qui servoit de jouet à la fortune. Ils entrèrent tous deux dans la grande église, où ils parurent égaux, parce qu'il n'y avoit personne pour juger de leur mérite. Lascaris ayant été néanmoins préféré par le clergé, il refusa les marques de la dignité impériale, et étant venu avec le patriarche au Milion, il anima le peuple par ses promesses et par ses caresses à faire quelque résistance, et exhorta les gardes à prendre les armes, en leur remontrant que si l'empire passait à une nation étrangère ils ne recevraient pas un plus favorable traitement que les habitants, et que bien loin de conserver leur solde ni leur rang, ils seraient réduits à la condition de simples soldats. Mais le peuple n'étant point touché de ses remontrances, et les gardes ne promettant de servir qu'autant qu'ils seraient payés, et les Italiens ayant paru à l'heure même, en armes, il fut contraint de se sauver.
Lorsque les ennemis virent que personne ne se présentait pour les combattre, que les chemins s'aplanissaient sous leurs pieds, que les rues s'élargissaient pour leur donner passage, que la guerre était sans danger et les Romains sans résistance, que par un bonheur extraordinaire on venait au-devant d'eux avec la croix et les images du Sauveur pour les recevoir comme en triomphe, la vue de cette troupe suppliante n'amollit point leur dureté et n'apaisa point leur fureur. Au contraire, tenant leurs chevaux, qui étaient accoutumés au tumulte de la guerre et au son de la trompette, et ayant leurs épées nues, ils se mirent à piller les maisons et les églises. Je ne sais quel ordre je dois tenir dans mon récit, ni par où je dois commencer, continuer et achever le récit des impiétés que ces scélérats commirent. Ils brisèrent les saintes images qui méritent l'adoration des fidèles; ils jetèrent les reliques sacrées des martyrs en des lieux que j'ai honte de nommer; ils répandirent le corps et le sang du Sauveur. Ces précurseurs de l'Antéchrist, ces auteurs des profanations qui doivent précéder son arrivée, prirent les calices et les ciboires, et après en avoir arraché les pierreries et les autres ornements, ils en firent des coupes à boire. Ils dépouillèrent Jésus-Christ, et jetèrent ses vêtements au sort, comme les Juifs les y avaient jetés autrefois. Il ne manqua rien à leur cruauté que de lui percer le côté pour en tirer du sang. On ne saurait songer sans horreur à la profanation qu'ils firent de la grande église; ils rompirent l'autel qui était composé de diverses matières très-précieuses et qui était le sujet de l'admiration de toutes les nations, et en partagèrent entre eux les pièces; ils firent entrer dans l'église des mulets et des chevaux pour emporter les vases sacrés, l'argent ciselé et doré qu'ils avaient arraché de la chaire, du pupitre et des portes, et une infinité d'autres meubles; et quelques-unes de ces bêtes étant tombées sur le pavé qui était fort glissant, ils les percèrent à coups d'épée et souillèrent l'église de leur sang et de leurs ordures.
Une femme chargée de péchés, une servante des démons, une prêtresse des furies, une boutique d'enchantements et de sortiléges, s'assit dans la chaire patriarcale, pour insulter insolemment à Jésus-Christ, elle y entonna une chanson impudique et dansa dans l'église. On commettait toutes ces impiétés avec le dernier emportement, sans que personne fit paraître la moindre modération.
Après avoir exercé une rage si détestable contre Dieu, ils n'avaient garde d'épargner les femmes honnêtes, les filles innocentes et les vierges qui lui étaient consacrées. Il n'y avait rien de si difficile que d'adoucir l'humeur farouche de ces barbares, que d'apaiser leur colère, que de gagner leur affection. Leur bile était si échauffée qu'il ne fallait qu'un mot pour la mettre en feu; c'était une entreprise ridicule que de vouloir les rendre traitables, et une folie que de leur parler avec raison. Ils tiraient quelquefois le poignard contre ceux qui résistaient à leurs volontés. On n'entendait que cris, pleurs, gémissements, dans les rues, dans les maisons et dans les églises. Les personnes illustres par leur naissance paraissaient dans l'infamie; les vieillards vénérables par leur âge, dans le mépris; les riches, dans la pauvreté. Il n'y avait point de lieu qui ne fût sujet à une rigoureuse recherche, ni qui pût servir d'asile.
O Dieu, que d'affliction, que de misère! Quand est-ce que ces malheurs nous avaient été prédits par le frémissement de la mer, par l'obscurcissement du soleil, par le changement de la lune en sang, par le déréglement du cours des astres? Nous avons vu l'abomination de la désolation dans le lieu saint, nous y avons entendu des paroles artificieuses de la prostituée, et nous y avons été témoin des autres profanations si contraires à la sainteté de notre religion. Voilà une partie des crimes que les nations d'Occident ont commis contre le peuple de Jésus-Christ. Ces barbares n'ont usé d'humanité envers personne; ils n'ont rien épargné, ils ont tout pris et tout enlevé. Voilà donc ce que nous promettait ce hausse-col doré, cette humeur fière, ces sourcils élevés, cette barbe rase, cette main prête à répandre le sang, ces narines qui ne respirent que la colère, cet œil superbe, cet esprit cruel, cette prononciation prompte et précipitée. Ou plutôt, c'est ce que vous nous promettiez, vous qui voulez passer pour savants, pour sages, pour fidèles, pour sincères, pour justes, pour vertueux, et pour plus pieux et religieux observateurs des commandements de Dieu que nous autres Grecs. Je parle sérieusement et sans railler. Car quel commerce y a-t-il entre la lumière et les ténèbres? Ce que j'ai à ajouter est encore plus important. Vous vous étiez chargés de la croix, et vous nous aviez juré, et sur elle et sur les saints Évangiles, que vous passeriez sur les terres des chrétiens sans y répandre de sang. Vous nous aviez dit que vous n'aviez pris les armes que contre les Sarrasins, et que vous ne les vouliez tremper que dans leur sang. Vous aviez promis de demeurer chastes pendant le temps que vous porteriez la croix, comme des soldats enrôlés sous les enseignes du Sauveur. Il est évident cependant que bien loin de défendre son tombeau, vous outragez les fidèles qui sont ses membres. Bien loin de porter la croix, vous la profanez et vous la foulez aux pieds. Pendant que vous faites profession d'aller chercher une perle précieuse, vous jetez dans la boue la perle précieuse du corps adorable de notre Dieu. Les Sarrasins en ont usé avec moins d'impiété. Quand ils étaient maîtres de Jérusalem, ils traitaient les Latins avec quelque sorte de douceur, ils ne violaient point la pudeur de leurs femmes, ils n'emplissaient point de corps morts le sépulcre du Sauveur, ils ne changeaient point cette source de résurrection et de vie en une cause de chute et de mort. Ils ne leur faisaient ressentir ni le fer, ni le feu, ni la faim, ni la nudité, et se contentant d'un léger impôt qu'ils levaient par tête, ils les laissaient dans la jouissance paisible de tout le reste de leurs biens. Mais ces peuples si affectionnés à la gloire du Sauveur et qui font profession de notre religion, nous ont traité, de la manière que j'ai rapportée, bien que nous ne leur eussions fait aucune injure...
Le jour de la prise de la ville, ces brigands ayant pillé les maisons où ils étaient logés, demandèrent aux maîtres où ils avoient caché leur argent, usant de violences envers les uns, de caresses envers les autres, et de menaces envers tous, pour les obliger à les découvrir. Ceux qui étaient si simples que d'apporter ce qu'ils avaient caché n'étaient pas traités avec plus de douceur que les autres. Ils ressentaient les mêmes effets de l'orgueil et de la cruauté de leurs hôtes. Ceux qui commandaient parmi nous ayant laissé la liberté de sortir à ceux qui le désireraient, on voyait des troupes d'habitants qui s'en allaient enveloppés de méchants manteaux, avec des visages pâles et défigurés, avec des yeux rouges, et qui versaient plutôt du sang que des larmes. Les uns regrettaient leur argent, les autres ne croyant pas que leur argent méritât d'être regretté, pleurèrent l'enlèvement de leurs filles, la mort de leurs femmes, ou quelque autre perte semblable.
Pour dire quelque chose de ce qui m'arriva en cette triste journée, plusieurs de mes amis se retirèrent en ma maison, parce qu'elle était bâtie sous une galerie qui la rendait fort sombre. Ma grande maison du quartier de Storacius, qui était enrichie d'une infinité d'ornements, avait été consumée par le second incendie. L'autre, où je demeurais alors, avait une entrée secrète dans la grande église; mais il n'y avoit point de secret qui pût échapper à la curiosité de nos ennemis, et la sainteté du lieu ne nous servit de rien pour nous garantir de leur fureur. En quelque endroit qu'on se cachât, on étoit pris et emmené. J'avais retiré un Vénitien avec sa femme et ses enfants, qui me servit fort utilement. Bien qu'il ne fût que marchand, il prit les armes comme un soldat, et feignant d'être des ennemis et parlant avec eux en leur langue, il défendit longtemps ma porte. Mais enfin ne pouvant plus résister à la multitude, qui entrait en foule, et principalement aux Français, qui se vantaient de ne rien craindre que la chute du ciel, il nous conseilla de nous sauver, de peur d'être chargés de chaînes et d'avoir le déplaisir de voir nos filles violées en notre présence. Marchant donc sous la conduite de ce fidèle défenseur, comme si nous eussions été ses prisonniers, nous allâmes vers les maisons des Vénitiens qui étaient de nos amis. Lorsque nous fûmes arrivés au quartier qui étoit échu aux Français, nous fûmes abandonnés par nos valets, qui s'écartèrent lâchement de côté et d'autre, et obligés de porter nous-mêmes nos enfants, qui ne pouvaient encore marcher. Nous partîmes un samedi, cinquième jour de la prise. L'hiver approchait et ma femme était grosse, de sorte qu'il me semblait que c'était un accomplissement de la parole par laquelle le Sauveur nous avertit de prier Dieu que notre fuite n'arrive point en hiver, ni au jour du sabbat, et de la prédiction par laquelle il prononce malheur sur les femmes qui seront enceintes ou nourrices. Plusieurs de nos parents et de nos amis s'étant joints à nous aussitôt qu'ils nous eurent aperçus, nous marchâmes tous ensemble, et nous rencontrâmes des gens de guerre assez mal armés. Les uns avaient de longues épées pendues à leurs chevaux, les autres des poignards attachés à leur ceinture. Les uns étaient chargés de butin, les autres fouillaient leurs prisonniers pour voir s'ils ne cachaient point un bon habit sous un méchant, ou s'ils n'avaient point d'argent. D'autres regardaient de belles femmes avec les mêmes yeux que s'ils eussent dû en jouir à l'heure même. Nous mîmes celles que nous avions au milieu de nous, comme au milieu d'une bergerie, et nous les avertîmes de salir avec de la terre ces visages qu'elles embellissaient autrefois avec du fard, de peur que l'éclat de leur teint n'attirât les yeux des spectateurs curieux, n'allumât le désir et n'excitât la fureur des ravisseurs cruels qui croyaient avoir le droit de faire tout ce que permet la licence de la guerre. Ayant le cœur serré de douleur, nous levions les mains au ciel, nous frappions nos poitrines et nous priions Dieu qu'il lui plût de nous préserver de la violence de ces bêtes cruelles. Comme nous étions près de passer par la porte Dorée, un barbare impie et violent enleva, proche l'église de Saint-Mocius martyr, la fille d'un magistrat, comme un loup enlève une brebis. Le père, accablé de vieillesse et de maladie, fit en même temps un faux pas et tomba dans la boue, d'où se tournant vers moi, qui ne lui pouvais servir que d'un appui aussi faible que celui du figuier, et m'appelant par mon nom, il me conjura de l'assister. Je suivis donc le ravisseur, m'écriant contre sa violence, et joignant à mes cris des gémissements lamentables et des gestes propres à exciter la pitié. J'implorai le secours des soldats qui passaient et qui pouvaient entendre quelques mots de notre langue; je leur pris les mains et leur fis des caresses. Enfin j'en touchai si fort quelques-uns qu'ils me promirent de venger ce rapt. Je les menai donc à la maison où le ravisseur avait enfermé la fille et où il se tenait à la porte pour repousser ceux qui auraient envie d'y entrer. Je leur dis, en le leur montrant avec le doigt: Voilà le coupable qui a violé en plein jour l'ordonnance par laquelle vous avez défendu de toucher aux femmes mariées, aux jeunes filles, aux vierges consacrées à Dieu, et que vous avez fait le serment d'observer. Défendez-nous contre cette violence, par l'autorité de vos lois et par la force de vos armes. Soyez sensibles aux larmes, qui coulent de mes yeux, puisque Dieu même s'y laisse toucher, et que la nature nous les a données pour exciter de la compassion et pour obtenir de l'assistance. Que si vous avez des enfants, je vous conjure par ces précieux gages de vos mariages, par le tombeau du Sauveur, et par le respect que vous avez pour ses commandements qui défendent aux chrétiens de faire aux autres ce qu'ils ne voudraient pas qu'on leur fît, de ne pas mépriser ma prière. J'animai de telle sorte ces gens de guerre par ces paroles qui m'étaient venues sur-le-champ à la bouche, qu'ils me promirent de me rendre la fille qui avait été enlevée. Le ravisseur, transporté d'amour et de colère, se moquait d'abord de leur demande; mais quand il vit qu'ils agissaient sérieusement et qu'ils le menaçaient de le faire pendre, il rendit la fille, que le père fut ravi de revoir. S'étant donc levé, il continua avec nous le voyage. Dès que nous fûmes hors de la ville, chacun commença à remercier Dieu de sa protection, ou à déplorer son malheur, comme il le trouva à propos. Pour moi, je me prosternai à terre, et je me plaignis aux murailles de ce qu'elles demeuraient seules insensibles aux calamités publiques et de ce qu'elles se tenaient debout, au lieu de se fondre en larmes. Qu'est-il besoin, leur disois-je, que vous subsistiez, depuis que toutes les choses pour la conservation et la défense desquelles vous avez été bâties ont été détruites par le fer et par le feu [160]?... Après avoir tiré ces paroles du fond d'un cœur inondé de douleur, nous continuâmes notre chemin, et en marchant nous répandîmes nos larmes comme une semence... Les paysans et les derniers du peuple nous chargeaient de confusion et d'opprobre, et au lieu de tirer de l'exemple de notre disgrâce une instruction de modération et de sagesse, ils se réjouissaient de notre malheur, et ils disaient, par un horrible renversement d'esprit, que la pauvreté et la nudité où nous étions réduits étoient une égalité pleine d'équité et de justice.
Quelques-uns d'entre eux ayant racheté à vil prix le bien qu'ils savaient que les étrangers avaient volé à leurs concitoyens, disaient, en levant les mains et les yeux au ciel: Dieu soit loué de nous avoir fourni un moyen si aisé et si commode de nous enrichir. Ils n'avaient pas encore logé les Latins dans leurs maisons, et ils ne savoient pas que ces peuples répandent autant de vin que de bile, et qu'ils traitent les Grecs avec le dernier mépris. Ils s'enrichissaient encore, par un commerce impie des choses saintes, en achetant, en revendant les vases et les ornements, comme s'ils eussent cessé d'appartenir à Dieu depuis qu'ils avaient été arrachés de ses temples par des mains sacriléges.
Les ennemis ne songeaient qu'à se divertir, mais d'un divertissement grossier et injurieux, qui ne tendoit qu'à tourner en ridicule nos façons d'agir. Ils se revêtaient, non par nécessité, mais par bouffonnerie, de robes peintes, et les portaient dans les rues. Ils mettaient nos coiffures de toile sur la tête de leurs chevaux, et leur attachaient au cou les cordons que nous laissons pendre le long du dos. Quelques-uns tenaient en leurs mains du papier, de l'encre et des écritoires, pour nous railler, comme si nous n'eussions été que des scribes et des copistes. Ils passaient des jours entiers à table, où les uns se traitoient fort poliment, et les autres ne mangeaient, selon la coutume de leur pays, que du bœuf bouilli, du lard salé avec de l'ail, de la farine de fèves, et une sauce fort piquante. En partageant le butin, ils ne mirent point de différence entre les choses sacrées et les profanes; mais ils les employèrent également à tous leurs usages, jusqu'à s'asseoir sur les images du Seigneur.