L'Histoire de France racontée par les Contemporains (Tome 2/4): Extraits des Chroniques, des Mémoires et des Documents originaux, avec des sommaires et des résumés chronologiques
CHANT ARABE.
Composé après le départ de saint Louis.
Quand tu verras le Français [242], dis-lui ces paroles d'un ami sincère:
Puisses-tu recevoir de Dieu la récompense qui t'est dire pour avoir causé la mort de tant de serviteurs du Messie.
Tu venais en Égypte: tu en convoitais les richesses; tu croyais, insensé, que ses forces se réduiraient en fumée.
Vois maintenant ton armée; vois comme ton imprudente conduite l'a précipitée dans le sein du tombeau.
Cinquante mille hommes! et pas un qui ne soit tué, prisonnier ou criblé de blessures!
Puisse le Seigneur t'inspirer souvent de pareilles idées! Peut-être Jésus veut-il se débarrasser de vous!
Peut-être le Pape est-il bien aise de ce désastre; car souvent un prétendu ami donne des conseils perfides.
En ce cas, prenez-le comme votre devin; faites comme s'il méritait encore plus de confiance que Schak et Satih [243].
Et si le roi était tenté de venir venger sa défaite, si quelque motif le ramenait en ces lieux,
Dis-lui qu'on lui réserve la maison du fils de Lokman [244], qu'il y trouvera encore et ses chaînes et l'eunuque Sabih [245].
Traduit par M. Reinaud, dans la Bibliothèque des Croisades, t. IV, p. 474.