L'Histoire de France racontée par les Contemporains (Tome 2/4): Extraits des Chroniques, des Mémoires et des Documents originaux, avec des sommaires et des résumés chronologiques
PRISE DE LAVAUR.
1211.
Les croisés ont pris la ville. Il y eut bien quatre cents hérétiques de la race impure de brûlés en un bûcher, qui jeta grandes flammes. Don Amérigatz fût pendu avec maints autres chevaliers; on en pendit quatre-vingts comme on fait les larrons, et on les exposa sur des fourches, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Dame Giraude fut prise criant, pleurant, braillant, et jetée dans un puits, où elle fut couverte de pierres, chose dont on eut grande horreur. Mais les autres dames, un Français courtois et gai les fit délivrer toutes en véritable preux. Dans la ville fut capturé maint destrier noir et bai, mainte riche armure de fer qui échoit aux croisés, grande quantité de blé, de vin, de drap, de beaux vêtements, dont ils sont joyeux.
A Raymond de Salvagnac, un riche marchand, natif de Cahors, puissant et opulent bourgeois, le comte de Montfort doit l'immense butin. C'était lui qui maintenait la croisade et lui avait prêté l'argent nécessaire [167], recevant ensuite en payement du drap, du vin et du blé. Tout le butin de Lavaur lui fut mis devant et donné.
Histoire de la Croisade contre les Albigeois, traduite par Fauriel.