L'Histoire de France racontée par les Contemporains (Tome 2/4): Extraits des Chroniques, des Mémoires et des Documents originaux, avec des sommaires et des résumés chronologiques
LETTRE DE SAINT LOUIS A MATHIEU, ABBÉ DE SAINT-DENIS.
1270.
Louis, par la grâce de Dieu, roi des Français, à son cher et fidèle Mathieu, abbé de Saint-Denis, salut et affection.
Nous vous avons annoncé que nous nous étions embarqué à Aigues-Mortes le 1er juillet, et que le lendemain nous avions mis à la voile pour Tunis. Ayant abordé en Sardaigne, sous la conduite de Dieu, nous sommes restés quelques jours sur nos vaisseaux au port de Cagliari, attendant les vaisseaux de nos barons et des autres croisés qui nous suivaient. Après leur arrivée, nous avons tenu conseil et résolu de nous diriger vers Tunis. Nous avons en conséquence remis à la voile, et nous avons abordé au port de Tunis le jeudi d'avant la fête de sainte Marie-Madeleine; le vendredi, nous avons pris terre sans aucun obstacle. Après avoir fait débarquer nos chevaux, nous nous sommes avancés jusqu'à l'ancienne ville qu'on nomme Carthage, et nous avons dressé notre camp devant cette ville. Nous avons avec nous notre frère Alfonse, comte de Poitiers et de Toulouse, et nos enfants Philippe, Jean et Pierre, notre neveu Robert comte d'Artois et nos autres barons. Notre fille la reine de Navarre, les femmes des autres princes, les enfants de Philippe et du comte d'Artois sont sur les vaisseaux près de nous; nous jouissons tous, grâce à Dieu, d'une santé parfaite. Nous vous annonçons qu'après avoir pourvu à tout ce qui était nécessaire, nous avons, avec le secours de Dieu, emporté d'assaut la ville de Carthage, où plusieurs Sarrasins ont été passés au fil de l'épée.
Donné au camp devant cette ville, le jour de la fête de saint Jacques apôtre, 1270 (25 juillet).
Traduit par Michaud, Histoire des Croisades, t. 5, p. 537.