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Diamant noir

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VII

Quand tout fut terminé, il regarda son œuvre un matin avec une satisfaction étrange. Il soupira, puis, machinalement, ouvrit un dernier tiroir oublié, un tiroir secret. Dans cette cachette, il trouva un petit paquet avec ces mots d'une écriture qui n'était pas celle de Thérèse: A brûler en cas de mort. Il regarda les cachets: L. H.

Il songea machinalement: «Lucien Houzelot». Rien d'autre.

—Tiens?

Il alla, sans réflexion aucune, à la cheminée. Il alluma le feu tout préparé, déposa le paquet sur les bûches et regarda.

Les flammes léchèrent le pli épais, serré dans les ficelles, compact comme un livre, et le noircirent seulement; puis la cire s'échauffa, fondit, coula, s'enflamma, les fils éclatèrent, et les coins de l'enveloppe, recroquevillés, s'écartèrent. Les lettres pliées que contenait l'enveloppe en jaillirent, glissant les unes sur les autres de divers côtés et quelques-unes tombèrent hors du foyer jusque sur le tapis, aux pieds de François Mitry—qui restait immobile, à regarder.... Une souple tige de bois vert qui servait de lien à un petit fagot éclata à son tour, rompue par le feu, et, se détendant comme un ressort, lança, éparpilla le reste des lettres en tous sens. Deux ou trois papiers seulement restèrent pris entre les bûches, et s'y consumèrent tout à fait, puis, de lui-même, avec un sifflement, le feu s'éteignit.

Alors François se baissa, ramassa toutes les lettres qui lui étaient rendues malgré lui, les porta sur un coin de table, et sans soupçon ni crainte d'un malheur, curieux à peine, plutôt distrait, comme obéissant à la fatalité des petits faits enchaînés et suggestifs, agissant comme par conclusion nécessaire à des circonstances indépendantes de lui, il se mit à lire.


Thérèse l'avait trompé avant le mariage. L'auteur de ces lettres, dont il reconnaissait l'écriture, Lucien Houzelot, avait été l'amant de Thérèse, et Nora, sa Nora, n'était plus sa Nora... C'était la fille de cet autre, Nora, oui, Nora, Nora!

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