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La jeune Inde

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LE CONGRÈS NATIONAL

Le plus vaste et le plus important des Congrès[75] vient de se terminer. Ce fut la plus grande démonstration contre le système de gouvernement actuel qui ait jamais eu lieu. Le Président a exprimé la vérité absolue lorsqu’il a dit qu’à ce Congrès ce n’était pas le Président et les chefs qui entraînaient le peuple, mais le peuple qui l’entraînait lui et les chefs. Il était évident pour ceux qui se trouvaient sur l’estrade que le peuple avait pris les rênes en main. Ils eussent préféré aller moins vite.

Le Congrès consacra une journée à une discussion détaillée de la doctrine qui fut adoptée après deux nuits de réflexion par tous à l’exception de deux voix. Il consacra une journée à discuter une résolution de Non-Coopération qui fut adoptée avec un enthousiasme sans précédent. Il consacra le dernier jour à la lecture des trente-deux articles de la Constitution...

Après de sérieuses délibérations, le Congrès a pris trois décisions importantes. Il a exprimé en termes extrêmement clairs sa résolution d’obtenir son autonomie absolue, conservant si possible son association avec le peuple britannique mais s’en séparant s’il le fallait. Il se propose d’y arriver uniquement par des moyens honorables et non-violents. Il a introduit dans la Constitution qui réglemente son action des changements fondamentaux et a fait acte de désintéressement en réduisant le nombre de ses délégués à un membre par cinquante mille habitants de l’Inde, et en insistant pour que ces délégués fussent véritablement les représentants de ceux qui veulent prendre une part active dans les affaires politiques du pays. Afin de s’assurer que tous les partis seraient représentés il a accepté le principe du «vote unique transférable». Il a appuyé la résolution de Non-Coopération adoptée à la session spéciale et l’a amplifiée à tous points de vue. Il a insisté sur la Non-Violence et déclaré que l’obtention de Swaraj dépend de l’harmonie complète entre les partis constituants de l’Inde; il a fait ressortir par conséquent l’importance de l’union Hindoue-Musulmane. Les délégués hindous ont demandé à leurs chefs de juger les différends entre Brahmanes et non-Brahmanes et ont insisté auprès de leurs supérieurs religieux sur la nécessité de se débarrasser du poison de l’intouchabilité. Le Congrès a dit aux parents dont les enfants sont à l’école et aux avocats qu’ils n’ont pas répondu à l’appel de la Nation en aussi grand nombre qu’ils auraient dû et qu’un effort plus grand devait être fait. Il s’ensuit nécessairement que ceux qui ne répondront pas rapidement à cette demande réitérée se verront peu à peu exclus des affaires publiques du pays. Le pays demande aux hommes et aux femmes de l’Inde de faire tout leur devoir.

5 janvier 1921.

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