La jeune Inde
L’INTOUCHABILITÉ DISPARAIT
De toutes les expériences agréables de ma visite au Gujerat[84] aucune ne me fut plus agréable que la manière sympathique dont les classes supprimées furent reçues par les autres Hindous. Partout mes auditeurs écoutèrent les remarques que je fis à ce sujet sans montrer aucun ressentiment. A Kalol, une réunion d’intouchables auxquels je devais m’adresser eut lieu. Je demandais aux Mahagans de bien vouloir me permettre de leur parler au Pandal construit pour la réunion générale. Après quelque hésitation ceux-ci consentirent. Je devais aller chercher ces «hors castes» dans leur quartier et les amener. Ils habitaient trop loin pour y venir et je leur parlai près de l’hôpital. Je remarquai avec plaisir qu’un certain nombre des Hindous orthodoxes qui se trouvaient avec moi se mêlèrent aux femmes et aux hommes accourus en foule des quartiers des parias, qui m’entouraient. Mais ma satisfaction fut à son comble lorsqu’à Shisodra, grand village près de Navsari, tous les Dheds qui se tenaient nombreux à quelque distance d’un grand meeting auquel je devais parler furent admis en connaissance de cause. Cette admission solennelle et consentie de plusieurs centaines d’hommes et de femmes de la classe intouchable au milieu d’une importante réunion me paraît un signe évident du caractère religieux du mouvement. M. Vallavabhai Patel, afin d’en être doublement sûr demanda à ceux qui approuvaient de lever la main et l’on aperçut une forêt de mains. L’expérience fut répétée à Bardoli devant un auditoire aussi nombreux et obtint les mêmes résultats satisfaisants. L’Intouchabilité disparaît certainement et sa disparition rendra la voie qui mène au «Swaraj» plus facile et plus sûre.
27 avril 1921.