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La jeune Inde

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LA SEULE SOLUTION POSSIBLE

Ce n’est pas sans avoir beaucoup réfléchi et prié que j’ai écrit ma lettre à son Excellence le Vice-Roi. Cette lettre n’est pas une menace, chaque mot dit exactement ce qu’il veut dire. J’ai supplié du fond du cœur le tyran de renoncer au mal. Le tyran, ce n’est pas Lord Reading, mais le système qu’il représente et dont il n’est lui-même que l’impuissante et inconsciente victime. Mais tout système ne fait qu’un avec la personne qui le représente. Aujourd’hui, c’est Lord Reading qui le personnifie, quelque inconscient qu’il soit. Je l’ai prié en toute humilité de considérer la position et de se demander si un mépris officiel des lois peut se justifier d’une façon quelconque. Qu’il jette les yeux sur le compte rendu de la semaine. Tout y est strictement vrai, à moins que les témoins ne soient tous des menteurs. De pareilles choses devraient-elles être possibles?

Mais dira-t-on, que faites-vous du mépris de l’autorité? Eh bien, le mépris de l’autorité (non-violent en tout cas) devrait-il justifier un abus barbare et malfaisant de cette même autorité?

Si le Vice-Roi ne voit pas ou ne veut pas voir la simplicité incroyable de la solution, l’Inde doit-elle ne rien faire? Il faut que la Désobéissance civile défensive continue à tout prix. Et si l’Inde entière déclarait que les réunions même paisibles ne peuvent avoir lieu sans autorisation, que les enrôlements des volontaires ne peuvent avoir lieu sans autorisation, et que les journaux ne peuvent paraître sans autorisation, cette prohibition serait inadmissible. On ne peut obliger un homme à demander à un autre la permission de respirer, de boire et de manger. Les trois choses que j’ai nommées sont l’air, la boisson et l’aliment nécessaires à l’activité publique.

9 février 1922

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